Il m'a fallu du temps pour écrire cette critique. Le film m'a plongé pendant quelques jours dans une confusion assez étrange. Je suis d'abord sorti de la salle en me demandant bien ce que Sam Mendes avait voulu me raconter, encore ébloui par la réalisation époustouflante de ce dernier. Puis tout est revenu en fil décousu dans ma tête. Ce film est une véritable lettre d'amour.
Je parlerai pour commencer sans aucun doute de sa scène d'ouverture, magnifique, de sa bande originale, de ses personnages. Chaque élément prend place dans une symphonie de couleurs, de bonheur même. Sam Mendes ne déçoit plus et marque bien par ce film le spectateur de son don de la caméra. Dans la simplicité.
Je pense que c'est bien ce mot qui est revenu dans ma tête, le plus de fois: la simplicité. Tout le monde ne sera pas d'accord avec moi mais le film aborde ses thèmes, avec finesse. La finesse des gestes, des mouvements et de ses propos sont pour moi le gros point fort de ce film. Je n'ai pas ressenti de volt-face dans le mélodrame ni dans l'apathie pour ses personnages. Tout y est présenté comme une douceur de vie, nous avons juste vécu un peu. L'amour, la solitude, l'impuissance (la puissance aussi), le chagrin, le racisme dans une société britannique des années 80 dépeinte brillamment, et la maladie. Olivia Colman délivre d'ailleurs une interprétation juste (trop juste ?) et Michael Ward brille dans ce film qui, j'espère lui vaudra de belles récompenses.
Mais, par tous ces thèmes abordés, le film s'emmêle par moment. On ne sait plus trop quoi penser de tout ça tant nos yeux sont submergés d'images et de propos variés. Et c'est bien là la cause de ma confusion. Je n'arrive pas à retenir ce qui m'a le plus marqué, ce qui m'a le plus empreint de sens. Sam Mendes a voulu parler de trop, sans trop en parler.
J'en arrive alors au thème du cinéma, sujet plus ou moins discret mais central du film. Parallèle fascinant de son histoire présenté comme un véritable sanctuaire d'évasion. Je pourrais parler de la scène dans la salle de cinéma, magnifique. Mais malheureusement l'importance qu'il attache à son art reste sous-exploité. Il nous le laisse pour la majorité du film dans l'ombre de ses personnages et le fait briller intensément le temps de quelques minutes à peine.
Avec ce film, Sam Mendes signe une œuvre marquante, qui restera certainement un moment dans ma tête, mais se démène avec une horde d'idées, toutes intéressantes et ambitieuses, mais trop peu exploitées. L'image et la musique viennent aider cette difficulté. Et peut-être plus qu'une lettre d'amour au cinéma ou à sa mère, Empire of Light se révèle être une merveilleuse lettre d'amour à la vie.