En 2014, Severin Fiala et Veronika Franz avaient remis l’Autriche sur la carte du cinéma de genre, dix-sept ans après le ‘Funny games’ de Michael Haneke, avec le terrifiant ‘Goodnight mommy’. Huit ans plus tard, le remake américain sort et comme prévu, il se limite à rejouer en mode mineur la partition autrichienne, édulcorant même la conclusion qui en devient notoirement plus fade. Deux enfants vont vivre chez leur mère, dont le visage est bandé à la suite d’une opération non précisée. Comme ils ne l’ont pas vue depuis longtemps ou peut-être parce qu’elle est convalescente, elle ne se montre guère patiente, elle est distraite, pas totalement disponible. Les jumeaux en viennent à penser qu’il ne s’agit pas vraiment de leur mère et qu’ils sont en danger. Le film original montait crescendo dans la terreur, avant de plonger dans la violence transgressive, l’horreur pure et le conte de fées déviant. Cette version PG-13 - en fait, je n’en sais rien si elle est PG-13, mais ça se pourrait vu à quel point tout est édulcoré - monte doucement puis, une fois atteint le palier “angoisse psychologique”, s’engage sagement sur une voie plus balisée. Évidemment, ceux qui n’auraient pas vu la version originale trouveront peut-être que ‘Goodnight mommy’ offre un twist suffisamment surprenant pour que la séance en vaille la peine. Pour ma part, je ne parviens décidément pas à comprendre cette logique qui consiste à refaire un film, si modeste à l’origine qu’il se faisait remarquer exclusivement pour sa radicalité et sa science du malaise, de manière à ce que tout le monde puisse l’apprécier sans risquer le trauma. Si c’est bon parce que c’est extrême, le faire moins extrême ne le rendra pas meilleur : ce n’est quand même pas si compliqué à comprendre.