SEGPA mon amour
En 2012, avec Ombline, Stéphane Cazes nous avait proposé un film dur et sombre qui se passait en milieu carcéral. Depuis, plus rien ??? Il est de retour avec 102 minutes cette espèce de Cercle des poètes disparus à la montagne. Dans un collège au pied du Mont Blanc, les élèves de SEGPA peinent à entrevoir un avenir positif... Pour les motiver et les faire rêver, Alain, leur professeur, organise une sortie surprenante et périlleuse dans les entrailles d’un glacier. Les adolescents découvrent alors un monde de glace d'une beauté à couper le souffle. Mais ils réalisent qu’avec le réchauffement climatique, si rien n’est fait, ce glacier comme beaucoup d’autres pourrait disparaitre. Contre l’avis de tous, mais entraînés par leur professeur, ils vont se lancer corps et âmes dans un projet fou : protéger le glacier et l’empêcher de fondre… Désormais plus rien ne pourra les arrêter, parce qu’il n’y a pas de planète B ! Une belle surprise ! Surtout quand on s’attend à un film de plus sur les SEGPA, bien dégoulinant de bonnes intentions et bourré de clichés.
Les objectifs sont ici multiples : faire un feel good movie, parler du réchauffement climatique, filmer la nature, et s’intéresser au métier d’enseignant… vaste programme ! Mais le scénario est assez habile pour n’oublier aucune de ces thématiques en route. Quand on sait que Michael Jordan a été viré de son club de basket quand il était ado ou que Steven Spielberg a échoué deux fois au concours d’entrée de l’université de cinéma, on se dit que tout est possible. La leçon de ce film très bien écrit et réalisé c’est que ceux qui atteignent leurs rêves ne sont pas forcément les meilleurs, mais ceux qui savent se relever à chaque échec et qui persévèrent. Le facteur numéro un n’est donc pas la réussite scolaire, l’intelligence, la beauté, ou encore le fait d’avoir de l’argent, mais le courage. De plus, l’équipe du film a tenu à faire un tournage vertueux, en mangeant local, bio et zéro déchet : marques françaises et/ou éthiques, lampes à basse consommation, maquillage bio, déco recyclée, vélos et voitures électriques pour se rendre sur le plateau. Et pour l’empreinte carbone restante, Bonne Pioche Cinéma a versé une compensation carbone à Mountain Riders, une association d’éducation à la transition écologique et particulièrement à leur projet Montagne Zéro déchets. Rien que pour ça, il faut aller voir ce film…
Mais le casting est lui aussi à la hauteur des ambitions. Clovis Cornillac est épatant dans la peau d’un personnage plus ambiguë qu’on ne pourrait le penser. Il est fort bien entouré par les adultes, Claudia Tagbo, Laurent Bateau, et une bande d’ados au talent prometteur avec Maloon Levana, Marwa Merjet Yahia, Shirel Nataf, Maïssa Diawara, Louis Durant, Matteo Salamone, etc. Une belle réflexion sur l'impact du réchauffement climatique mais aussi sur une pédagogie différente, le tout dans un cadre somptueux et des images de montagne et de glacier inoubliables. La génération Greta Thunberg à l’école.