Où se cache la vérité ?
Le cinéma roumain – en tout cas, ce qui nous en arrive -, ne laisse jamais indifférent. Le 1er film de Bogdan George Apetri n’étant sorti qu’en VOD, les vrais amateurs de cinoche en salle découvrent donc ce réalisateur avec ce polar de 118 minutes, qui, c’est le moins que l’on puisse en dire, porte bien son titre. Une novice de 19 ans quitte en cachette son monastère pour régler une affaire urgente en ville. Le soir même, sur le chemin du retour, son destin bascule. Marius, l’inspecteur de police en charge de l’enquête, est déterminé à résoudre l’énigme par tous les moyens, mais l’affaire tourne vite à l’obsession. De longues scènes en plans séquences, ce film très atypique envoûte plus qu’il ne séduit. Un film qui parle de vérités sans jamais en livrer une seule. Un OVNI !
Il n’y a pas qu’une seule vérité dans le film, chaque personnage et chaque spectateur a la sienne. Le réalisateur affirme : C’est une quête sans fin, et cela aurait été une erreur que d’offrir une réponse à la fin du film. Cela devrait toujours être une question ouverte, quelque chose que le spectateur emporte avec lui. On sort donc de la salle aussi frustré qu’intrigué er c’est bien ce qui fait l’originalité de ce scénario. Suffocant, poignant, sombre, sont mes qualificatifs qui me viennent immédiatement à l’esprit après ce récit étrange, sublimé par une mise en scène virtuose sans être tape-à-l’œil. En évitant tous les écueils du genre, sans aucun pathos, ce drame est un choc féministe incomparable. A voir en sachant qu’on en sort pas indemne.
Ce polar doit beaucoup à ses deux interprètes principaux, Ioana Bugarin et Emanuel Parvu, qui insuffle tout ce qu’il faut à ce récit labyrinthique où l’on aime pourtant se perdre. Ce Dédale n’offre aucune sortie satisfaisante et nous laisse à nos questionnements quasi métaphysiques. Ici, la brutalité est cérébrale, la tension à couper au couteau, et le ystère… entier. Une expérience cinématographique.