Dans le film de Florence Vignon, il n'y a pas de coup de feu, pas de cascade, pas d'explosion ni d'effets spéciaux, il n'y a même pas une scéne d'amour, un sein dévoilé, deux bouches qui se mélent. On pourrait craindre de s'y emmerder tant ces ingrédients sont comme des passages obligés du cinéma et s'il n'y a pas ça, alors qu'y a t il? Un film où l'on est avec les personnages, des personnages dans lesquels nous nous reconnaissons, qui nous parlent de nous, de nos corruptions sousterraines, de nos humiliations acceptées, de nos revoltes repoussées. C'est une histoire simple, comme dit Sautet, mais ici avec un décalage à la Blier où on rit souvent, avant d'être emporté par l'émotion.. C'est fascinant comme le cinéma se préoccupe de réalisme quand il met en scéne des fusiillades et des explosions immenses, alors même que nous n'en croisons presque jamais, avec cette obsession de vouloir faire croire au spectateur que c'est VRAI, , c'est à dire réel. Le cinéma de Florence Vignon est tout à l'inverse. Il ne se préoccupe pas de montrer le réel à l'identique (ce qui malgré ce que l'on veut nous faire croire, est impossible, et absurde) mais de le montrer tel qu'elle le voit, le ressent, avec ses couleurs et ses cadres à elle, avec son regard, cette chose qui manque si cruellement au cinéma qui se veut imiter le réel. Et c'est justement pour cela qu'il touche si fort, si intimement, sans avoir besoin de sortir les armes de la violence physique et des désirs sexuels. Juste nous raconter à travers deux parcours ordinaires (mais qui grâce à ce regard sont extraordinaires) des combats ordinaires (mais qui grace à ce regard nous paraissent soudain essentiels). Et qui posent toujours la même éternelle question: face à la ciolence du pouvoir, (ou du capitalisme)doit on se soumettre jusqu'à se nier, ou faut il dire non, résister , se révolter au risque de tout perdre? La réponse des personnages nous emplit de joie et d'émotion, lorsqu'ils finissent par faire ce qu'au fond nous ne sommes guére capables, nous simples humains.