Catherine Breillat n’avait pas tourné depuis plusieurs années. Plus de dix ans même, c’était pour « Abus de faiblesse » en 2013 avec Isabelle Huppert. Elle fait son retour par la grande porte puisqu’elle a été sélectionnée en compétition officielle au dernier Festival de Cannes. Certes, « L’été dernier » est reparti bredouille mais son film était présenté un peu comme le film choc du festival, comme il y en a toujours un ou deux par cuvée. Cette année, l’autre candidat était « Club zéro » de l’autrichienne Jessica Hausner sur le sectarisme et l’anorexie. Et, visiblement, l’un comme l’autre n’a pas eu l’effet escompté. Ici, ce qui était censé diviser ou choquer a eu plutôt l’effet d’un pétard mouillé. En effet, la relation au cœur du film, celle d’un adolescent de dix-sept ans entamant une relation avec sa belle-mère d’une quarantaine d’année, est certes amorale et pénalement répréhensible mais bien plus acceptable aujourd’hui qu’il y a une ou deux décennies à l’heure des MILF ou des cougars. À ce titre - et c’est l’un de ses défauts - le film paraît tout de même un peu daté et dépassé. En voulant bousculer son public, il n’heurtera cependant que les âmes puritaines et les culs bénis. Les scènes de sexe par exemple sont présentes mais restent plutôt pudiques et le tout n’a rien de gênant. Ce côté suranné se retrouve également dans la mise en scène de la cinéaste septuagénaire. Entre les éclairages à l’ancienne, l’image légèrement granuleuse et la manière dont elle confectionne ses plans, son film semble sortir des années 90. Une époque où la cinéaste livrait des films sulfureux comme « Romance » avec Rocco Siffredi. Pas forcément dommageable à la qualité du film en lui-même, ce côté vieillot se ressent pourtant même dans le décorum de cette vieille demeure bourgeoise (oui encore une œuvre qui se situe chez les nantis de ce monde) au sein de laquelle la cinéaste à jeter son dévolu pour planter son action. Et cela est valable des objets s’y trouvant à la voiture du personnage principal.
La première partie se déroule sans heurts. On connaît le sujet et on sait que ce beau-fils nouvellement arrivé va faire tourner la tête (et les hormones) de sa belle-mère. La bascule de cette dernière s’opère de manière un peu trop rapide, comme s’il manquait une ou deux séquences de transition. Jusque-là, « L’été dernier » est plutôt programmatique. Même leurs ébats et leur relation interdite au milieu du film n’est pas si passionnelle et passionnante qu’attendue, certaines séquences s’étirant même trop longtemps et pour rien. Mais quand le secret est dévoilé, le film prend une direction inattendue et bien plus captivante. Léa Drucker, une nouvelle fois sensationnelle dans un rôle pas facile nous montre de nouveau toute l’étendue de son talent face au jeune Samuel Kircher, tout aussi bon acteur que son frangin (Paul Kircher, découvert dans « Le lycéen »). Néanmoins, on a un peu de mal à croire à son charme et à l’emprise sexuelle de son personnage sur celui de Drucker. Il aurait fallu un acteur peut-être un peu plus mature et viril pour davantage y croire. Entre deux, Olivier Rabourdin est également parfait. La dernière partie, entre surprises et non-dits, est donc la plus réussie. Cependant, « L’été dernier » demeure un peu décevant sur son versant sulfureux et il arrive aussi peut-être un peu trop tard. Il n’empêche, c’est une œuvre agréable et qui fait réfléchir sur ce qui est acceptable ou non. Et la toute fin, surprenante, ajoute une touche amorale du meilleur effet en plus de son scénario qui passe du prévisible à l’imprévisible de manière plaisante.
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