Anne, la quarantaine, est une redoutable pénaliste, qui défend avec succès des mineurs dans des affaires scabreuses d’agressions sexuelles ou de violences familiales. Elle a épousée Pierre, un homme d’affaires installé, plus âgé qu’elle. Infertile, le couple a adopté deux fillettes indochinoises aujourd’hui âgées de six et sept ans. Pierre avait eu d’un premier lit un garçon, Théo, adolescent difficile, élevé jusqu’alors par sa mère à Genève, qui, pour changer de milieu, emménage avec eux. Les rapports entre Théo et sa belle-mère sont d’abord conflictuels avant de prendre un tour plus complice.
La bande-annonce – ah ! ces bandes-annonces et le reproche que je leur fais sempiternellement de trop en dire et le conseil, bienvenu, mais que je n’écoute pas, de ne pas les voir pour ne pas être influencé – de "L’Eté dernier" laisse augurer une histoire reposant sur un mystère. On y voit Pierre accuser Anne d’avoir une liaison avec Théo et Anne nier froidement. Anne a-t-elle ou pas couché avec son beau-fils ? Est-elle coupable de l’inceste – au sens des dispositions de l’art. 222-22-3 du code pénal – que son mari lui reproche ? Ou s’agit-il d’un mensonge fomenté par un adolescent mythomane pour discréditer sa belle-mère et monopoliser l’amour d’un père trop absent ?
Ces interrogations auraient parfaitement pu nourrir un film passionnant, terriblement dans l’air du temps, sur les violences intrafamiliales et la foi donnée à la parole de la victime.
Mais "L’Eté dernier" n’est pas ce film-là.
Dans ce film-ci, il n’y a pas place au doute : Anne couche avec Théo. Mais quand Théo la dénonce à son père, Anne n’a d’autre ressource, pour éviter l’explosion du couple qu’elle forme avec Pierre, de la famille qu’elle a patiemment construite avec leurs deux filles et que son beau-fils menace de détruire, de tout nier, quitte à broyer Théo.
Cette histoire-là a la dureté et la simplicité d’une nouvelle de Maupassant. Mais Catherine Breillat a le défaut de vouloir in extremis lui rajouter une ambiguïté, une subtilité qui, au lieu de l’enrichir, la surcharge. Sans sa dernière scène, "L’Eté dernier" aurait été saisissant. Avec elle, il est inutilement complexe.
Un mot encore sur Léa Drucker, une nouvelle venue dans le cinéma de Catherine Breillat. Elle joue à la perfection l’avocate brillante et intraitable, l’épouse prête à tout pour sauver son couple. Elle est en revanche moins convaincante quand elle fend l’armure. Elle manque de la sensualité, de la tendresse qui aurait rendu les scènes d’amour avec le jeune Samuel Kircher (frère cadet de Paul Kircher, et fils d’Irène Jacob) plus crédibles.