Qu’il fait du bien au genre SF ce Vesper Chronicles. Trop souvent la SF s’apparente maintenant à une tonne d’effets spéciaux, de l’action à foison et de la baston, alors que ce genre se doit d’être beaucoup plus que ça, ça tombe bien c’est le cas de Vesper Chronicles.
Ici pas de grosse baston, d’explosions à tout va, non Vesper Chronicles est lent, sale, désespérant. Le scénario de base est pourtant assez classique : une planète ravagée, une humanité moribonde qui se divise en 2, une petite caste de privilégiés qui vit recluse dans des dômes (citadelles) et le reste sur Terre qui galère. Alors on s’attend vite à un déroulé assez classique, l’ado qui a un don (la manipulation génétique), pleine d’espoirs qui rencontre une habitante de la citadelle et qui ensemble vont mener la révolution de ceux qui n’ont rien (ceux qui habitent au sol), et bien il n’en est rien. Vesper Chronicles prend un contrepied total de ce qui se fait habituellement en optant pour une approche bien plus dure et plus réaliste à mon sens. En bas les gens ne pensent qu’à une chose : survivre et certainement pas mener une révolution. L’ordre des choses est admis et chacun se débrouille comme il peut. Ici le méchant n’est pas celui qui vit confortablement dans sa citadelle (comme trop souvent), mais son voisin, un monsieur tout le monde ou presque qui souffre tout autant que l’héroïne. Ce postulat donne bien plus de puissance au film. Tout comme son identité visuelle, c’est crado, triste, un peu à l’image des marais lituaniens dans lesquels le film a été tourné. Et c’est viscéral, même le robot qui sert au père de Vesper est peu ragoutant (l’intérieur).
Bref, Vesper Chronicles est original et jouit d’une identité forte et singulière, mais pas que : le scénario est habilement mené, avec un bon twist au début du dernier tiers, les acteurs sont très bons et campent des personnages tous marquants (pour les 4 principaux), le film a une ambiance très sombre qui fonctionne parfaitement dans cet univers.
L’univers du film, c’est le seul bémol, il est cohérent mais on manque d’explications à son sujet. Les pèlerins qui amassent les débris, le déblocage génétique des graines, autant de sujets balayés trop rapidement et c’est dommage. Autant le manque d’information sur les citadelles peut se comprendre (en nous plaçant au même niveau de connaissances que les « terriens »), autant j’aurais aimé avoir plus d’éléments sur ce qui se passe au sol. Un défaut qui ternit un peu le tableau, mais sans grande gravité toutefois, Vesper Chronicles étant au final autant un drame humain qu’un film de SF.
Dans tous les cas Vesper Chronicles est appréciable non seulement pour ces qualités de film, mais aussi pour avoir le mérite des sortir des sentiers battus du genre et en le faisant bien.