Le film est présenté hors-compétition au Festival de Cannes 2022 et en fait l'ouverture.
Coupez ! est un remake du film japonais Ne coupez pas !, produit en 2017 et sorti en France en 2019. Ce long-métrage est lui-même tiré d’une pièce de théâtre intitulée Ghost in the box.
Michel Hazanavicius souhaitait depuis longtemps réaliser une comédie se déroulant sur un tournage de film : « Depuis que je travaille, j’ai eu l’occasion d’observer pas mal de comportements marrants et de vivre pas mal de scènes de tournage, parfois étonnantes, parfois ridicules, parfois touchantes. J’aime bien ce matériau de base, un plateau de tournage, qui est une espèce de micro-société un peu exacerbée où les caractères se révèlent souvent de manière spectaculaire. » Alors qu’il rassemblait des idées, le producteur Vincent Maraval lui a parlé de Ne coupez pas !, un film japonais au pitch similaire et dont sa société avait acquis les droits. Emballé par l’œuvre originale, le cinéaste français a accepté d’en faire le remake.
S’il admet ne pas être un fan de films gores, Michel Hazanavicius refusait de prendre le genre de haut. Il souligne : « les détournements ne fonctionnent que s’il y a du respect, ou de la tendresse, pour l’œuvre détournée. C’est ce qui rend le truc intéressant et en plusieurs dimensions. Sinon on risque vite de tomber dans la moquerie, voire le ricanement. La frontière est parfois ténue, mais j’ai besoin d’avoir un premier degré solide pour qu’il y ait second degré. »
Ce n’est pas la première fois que Michel Hazanavicius revisite le cinéma en tant qu’art. La Classe américaine, The Artist et Le Redoutable sont eux aussi des films sur le cinéma : « C’est vrai que ça m’amuse de prendre des morceaux de la cinématographie mondiale qui sont bien identifiés, et de jouer avec, de créer une dynamique entre le souvenir qu’on a de ces films et ce que je propose. Je trouve ce dispositif riche. »
Coupez ! est un hommage aux films bricolés qui ont peu de moyens mais aussi aux équipes de cinéma dans leur ensemble, « un hommage aux gens qui fabriquent des films, les acteurs, les réalisateurs, mais aussi les techniciens, les stagiaires, tout le monde. Un hommage au cinéma en train de se faire, au métier du cinéma, au quotidien. »
Yoshiko Takehara, qui joue la productrice dans Ne coupez pas !, reprend son rôle dans Coupez !. « Elle est incroyable. Elle amène une dinguerie non seulement réjouissante, mais très utile au niveau narratif. On peut croire à un projet comme celui du film, s’il sort du cerveau d’un personnage comme elle », explique le réalisateur.
Ne coupez pas ! est à l’origine un film d’étudiant, tourné en 6 jours avec très peu de moyens. Michel Hazanavicius tenait à conserver l’énergie de l’original : « Nous avons changé d’économie, bien sûr, mais le film n’est pas non plus très cher. Nous l’avons tourné en 6 semaines, avec un budget de 4 millions d’euros. »
Au générique du film, on retrouve Bérénice Bejo, compagne à la ville de Michel Hazanavicius avec lequel elle a tourné pour la sixième fois. « Elle fait partie de ces très bons acteurs, qui peuvent jouer énormément de personnages différents, et qu’il suffit de pousser un petit peu pour basculer dans la comédie. C’est toujours délicat de dire du bien de la personne qu’on aime dans le cadre de la promotion d’un film, car on nous parle comme à un couple, et il y a donc quelque chose d’impudique qui ressemble à de l’autocongratulation. Mais là je parle de l’actrice Bérénice Bejo, donc tout va bien. » Raïka Hazanavicius, nièce de Michel et fille de Serge Hazanavicius, joue également dans le film, ainsi que Simone Hazanavicius, fille de Michel. À son sujet, ce dernier raconte : « C’était très touchant et très satisfaisant de travailler avec elle. De redécouvrir ma fille dans le cadre d’un tournage, de travailler avec sa sensibilité, son emploi de comédienne. J’ai adoré l’expérience. Et elle amène une touche très spéciale dans le film, qui lui donne une autre dimension. »
À l’instar de l’original, la première partie de Coupez ! est un plan-séquence. D’une durée de 32 minutes, il comporte un point de montage, « que j’ai dû faire pour une raison technique. Mais j’ai pu le faire justement parce qu’il a été pensé, tourné, exécuté comme un plan-séquence. Je n’ai jamais été obsédé par le plan-séquence comme Gaspar Noé, ou Alfonso Cuarón », révèle le réalisateur. Pour mettre en boîte cette séquence, un storyboard détaillé a été mis au point, cinq semaines de répétition et quatre jours de tournage ont été nécessaires.
C’est le grand spécialiste des effets spéciaux Jean-Christophe Spadaccini qui s’est occupé des trucages et autres effets sanglants. Pour le plan-séquence, lui et son équipe n’avaient pas le droit à l’erreur : les effets spéciaux ont été réalisés en direct sur le plateau, sans l'aide du numérique.
Le générique de fin rend hommage à Bertrand Tavernier et Jean-Paul Belmondo. Michel Hazanavicius explique : « Ils ont compté pour moi tous les deux, dans ma vie, dans le fait que je fasse des films et probablement dans la manière dont je les fais. Ils sont partis pendant la fabrication du film j’avais envie de leur adresser un petit signe. Je les aimais beaucoup ».
Quentin Dupieux tient un tout petit rôle muet dans Coupez !. Michel Hazanavicius avait quant à lui fait des apparitions dans deux films de Dupieux : Réalité et Au poste !.