Y a sûrement mille raisons valables pour que vous soupiriez devant ce choix. Oui, c'est un remake, non je n'ai pas vu l'original. Oui, les 30 premières minutes sont fastidieuses, et ça n'est, de fait, pas vraiment du jeu. Etc.
Perso, j'ai vécu une sacrée expérience de cinéma, et j'ai décidé d'être honnête avec ça, parce que je suis un grand garçon (pour toute bagarre, on se retrouve sur le parking du Lidl de Flers à 19h30 ce soir). J'allais voir le film à Cannes parce que Julien Lada qui en sortait me l'avait bien vendu (en mode "c'est un film pour toi", ce qui signifie en général que c'est bien écrit, drôle, généreux, et qu'il n'y a pas de plan trop longs où il ne se passe rien), malgré mes réticences dues à la bande-annonce ne spoilant pas le concept (et se focalisant donc sur ces compliquées trente premières minutes). Je ne savais pas qu'il était un remake, ni ne connaissais l'astuce du film.
Aussi, si vous ne savez pas ce dont il s'agit, n'en lisez rien, et ne manquez pas Coupez !. Pourvu que vous vous accrochiez sur le début du film, qui donne l'impression éphémère d'un ratage total, alors la suite va vous faire marrer comme rarement. Dans la salle du Palais des Festivals, gros plaisir à voir mon voisin de rangée plié en deux et tapant sur ses genoux pris d'un immense fou rire qui dure, dure, dure (ce faux cinéphile n'avait sûrement lui non plus pas eu connaissance de l'original). Car c'est là tout le brio de Coupez !, sa capacité à ne plus faire retomber le soufflé une fois que la comédie s'est mise en route, avec une patte très Hazanavicius qui, j'imagine, apporte un petit assaisonnement sympa au film japonais dont il s'inspire.
Et le final, ce final ! Plan le plus émouvant, le plus cinéphile à la Gondry de l'année, pour moi.
Bref : immense moment de plaisir de cinéma pour moi, sûrement le plus chouette de 2022. Mais oui, c'est un peu la teuhon lorsqu'on s'appelle cinéphile, j'avoue, de faire montre d'une telle flemme à ne pas avant ou après s'être rué sur la version nipponne : je n'avais pas envie de chasser le souvenir de cette mythique séance pour moi.
Et puis je vais pas bouder mon plaisir, hein, c'est pas mon genre.