Mise en abyme… abyssale
Le « dernier Michel Hazanavicius » est devenu un événement lors de sa sortie sur nos écrans. Cette fois, ces 101 minutes aussi folles qu’irrésistibles ont étaient présentées hors-compétition en ouverture du Festival de Cannes 2022. Un tournage de film de zombies. Entre techniciens blasés et acteurs pas vraiment concernés, seul le réalisateur semble investi de l’énergie nécessaire pour donner vie à un énième film d'horreur à petit budget. L’irruption d’authentiques morts-vivants va perturber le tournage. Malin, très original et d’une drôlerie sans nom. Il y a bien longtemps que je n’avais pas autant ri au cinéma… et croyez-moi, je n’étais pas le seul. Bon sang – le terme approprié s’il en est -, que ça fait du bien.
Une fois de plus, ceux qui quittent une salle avant la fin de la séance sont totalement stupides… voire malhonnêtes cat ils ne manqueront pas d’éreinter un film qu’ils n’ont pas vu. Car ici, tout se passe en 3 parties. Un plan séquence virtuose de 32 minutes d’un nanar ahurissant de médiocrité, puis 30 autres minutes de flash-back qui déconstruisent le dispositif et un final de 40 minutes à se pisser dessus. Hazanavicius est tout sauf un imbécile. C’est même un génie du scénario et il le prouve encore une fois. – Je pense qu’en compétition, il aurait pu prétendre au prix de la catégorie -. Voilà une des plus belles mises en abyme que je connaisse. Matériau de base : un plateau de tournage, une espèce de micro-société un peu exacerbée où les caractères se révèlent souvent de manière spectaculaire. Les détournements – ici d’un film gore -, ne fonctionnent que s’il y a du respect, voire de la tendresse, pour l’œuvre détournée. Sinon on risque vite de tomber dans la moquerie, voire le ricanement. La frontière est parfois ténue, mais ici, elle n’est jamais franchie. Cette parodie foutraque se transforme en hommage aux films bricolés qui ont peu de moyens mais aussi aux équipes de cinéma dans leur ensemble. En fin de compte, un vibrant hommage au 7ème Art… et ce n’est pas pour rien si – comme mentionné au générique -, le film est dédié à Tavernier et Belmondo.
Côté casting, la encore c’est du nanan. Romain Duris, totalement hystérique, Bérénice Bejo, toujours aussi délicieuse même couverte de sans avec une hache plantée dans le crane, Grégory Gadebois, qui sait tout faire, même rire, Finnegan Oldfield, dans un registre qu’on ne lui connaissait pas, Jean-Pascal Zadi, irrésistible, Matilda Lutz, Lyes Salem, Agnès Hurstel et tous les autres, s’en donnent à cœur joie dans ce monument de comédie qui pourrait bien faire partie de ces classiques qu’on aime voir et revoir encore. Un éclat de rire irrépressible.