Jusqu'alors plutôt connu pour ses films ancrés dans un certain réalisme, l'un des meilleurs cinéastes de notre temps, Robert Zemeckis, prend le risque, en 2004, de se lancer dans le genre de l'animation en s'appuyant sur une technologie très récente : la 3D numérique.
Cette innovation, dont il est l'un des pionniers, possède notamment un avantage très utile, un atout qui répond à une tendance que l'on peut retrouver dans plusieurs de ses films précédents, avec des intégrations d'acteurs décédés dans des scènes récentes, ou d'acteurs encore en vie dans des faits historiques. Néanmoins, dans Le Pôle express, il en fait un usage plus poussé, plus approfondi et inédit, afin qu'il serve en premier lieu la narration, et non l'immersion de trucages visuels. Toutefois, on remarque aisément, en visionnant le film plusieurs années plus tard, que cette technologie n'en est alors qu'à des débuts timides et hasardeux. L'animation est parfois assez grossière et les visages des enfants ne favorisent pas l'empathie en raison de leur inexpression. Il suffit de scruter attentivement les expressions faciales du jeune héros pour s'en rendre compte assez rapidement, et c'est bien dommage, car l'histoire possède une grande beauté, bien qu'on ait un peu l'impression que Zemeckis a cherché à en exploiter chaque parcelle jusqu'à étirer le scénario original au maximum. En effet, pour mieux comprendre cette critique, il faut savoir que Le Pôle express s'inspire d'un roman pour enfants, Boréal-express, d'une très brève longueur (pas plus d'une trentaine de pages). Forcément, avec une histoire aussi courte, on ne peut réaliser un film d'une heure et quarante minutes sans ennuyer par instants le spectateur et lui offrir quelques séquences trop longuement étirées.
En fait, la bande-originale, signée par Alan Silvestri (habitué de collaborer avec Zemeckis et aujourd'hui connu par les fans d'Avengers), est d'une qualité presque meilleure que le film lui-même, avec la présence de "Believe", une composition nommée à l'Oscar et au Golden Globe de la meilleure chanson originale en 2005. Néanmoins, le scénario, bien qu'il se rattache à l'interminable liste des contes de noël, présente une beauté innocente et réconfortante, explorant l'imaginaire de l'enfance et interrogeant chacun d'entre nous sur son rapport au mythe du père-Noël.
Une dernière remarque au sujet du doublage : la voix de Je-sais-tout qui, malgré qu'elle corresponde parfaitement au caractère agaçant du personnage, se rapproche bien plus de celle d'un adulte et reste assez risible dans la bouche d'un enfant.