Avis sur The Spine of Night

Après deux films pas forcément inoubliables, Philip Gelatt réalise son premier film d'animation en collaboration avec Morgan Galen King. "The Spine of Night" se déroule dans un monde fantastique où une mystérieuse plante bleue aux pouvoirs magiques et puissants attire toutes les convoitises. Le pouvoir qu'elle donne à celui qui l'utilise est capable de faire tourner la tête de n'importe qui comme on le découvre avec des "gentils" qui cèdent devant sa puissance. On assiste donc à une guerre sans merci entre des gens de tous milieux. Les deux réalisateurs mélangent d'ailleurs beaucoup de choses et pas mal d'univers. Le film est assez violent à coup de décapitations et de membres arrachés, mais si l'on fait abstraction de cette violence il n'y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. L'histoire n'est pas très engageante et m'a laissé sur ma faim.

Ce n’est pas tous les jours qu’on reçoit de l’animation pour adultes en provenance des Etats-unis (et par pitié, ne venez pas me parler de ‘Sausage party’...!), d’autant plus qu’il s’agit ici d’une épopée Fantasy qui relate, a posteriori, une lutte eschatologique pour l’appropriation d’une mystérieuse fleur aux grands pouvoirs entre une chamane, représentante de l’équilibre et de l’harmonie avec la nature, et un sorcier, qui incarne la civilisation et la quête démesurée du pouvoir. Niveau Fantasy, on évolue plutôt ici dans sa version “Dark” : pas de preux chevaliers ici mais des mages noirs, des cultistes sanguinaires, des morts-vivants et des villageois torturés, démembrés ou brûlés vifs. La progression de la légende est curieusement syncopée, le rythme est cassé à plusieurs reprises par la conversation entre la chamane (qui raconte l’histoire) et le gardien de l’ultime fleur, et il vaut donc mieux être capable d’apprécier un conte plein de violence raconté a posteriori, plutôt que d’être simplement un fan des dernières tendances en matière d’animation. D’ailleurs, esthétiquement aussi, ‘The spine of night’ donne souvent l’impression d’être hors-sol : si l’animation rotoscopée se montre convaincante, le style visuel, lui, s’avère déstabilisant. L’idée était apparemment de rendre hommage à Frank Frazetta, le Rubens de l’illustration Fantasy et sa fascination jamais démentie pour la débauche de chair, de muscles et de seins…mais c’est un peu comme si c’était Ralph Bakshi ou un autre animateur indépendant des années 70 qui rendait hommage à Frazetta : si les décors disposent d’un style visuel affirmé, les personnages humains sont souvent d’une esthétique…discutable, même si la rotoscopie est ici employée de manière plus réaliste et moins maniérée qu’à l’époque. Même si on n’est pas très fan de cette patte graphique, au moins la singularité de forme rejoint-elle la singularité du fond : même s’il ne devrait pas être aussi compliqué (au sens où il faudrait donner les moyens à ceux que ça tente de s’y atteler ) de concevoir de l’animation pour adulte un peu plus consistante que cette saga cosmogonique un rien livresque et pesante, il faudra s’en satisfaire pour le moment.

Attention ce film comporte pas mal de séquences violentes et sanglantes, ce qui fait qu'il n'est pas a visionner par tout le monde. Néanmoins pour un public averti il est à découvrir car son histoire est prenante et l'animation globalement très réussi

Film vu en anglais, et presque parfait. Mais je dois commencer ma critique par le seul défaut que je lui reproche : les morts s'enchainent trop vite, trop facilement, et virent au massacre systématique. (Comme ça si vous ne l'avez pas encore vu, vous êtes prévenus)
Des parties entières du scénario sont tranchées d'un coup d'épée et c'est dommage, parce qu'il aurait pu etre plus développé et plus captivant.
Mais il ya une raison derrière, et le message est clair, ce film est un exercice de style : il n'a pas à avoir de sens, le scenario n'a pas à etre logique, c'est en s'exerçant qu'il nous captive. Il nous entraine malgré nous et nous plonge dans une sorte de fascination morbide pour une histoire insensée tout en y prenant plaisir. Il reste sur le tranchant de la lame, il pousse à la contemplation de l'innatendu, nous apaise dans l'absurde et se montre le plus poétique dans les passages les plus dramatiques. Le jeu s'étend aussi sur la mythologie et l'art du conte, jusqu'à la façon de présenter l'histoire et la technique de l'animation. Il brouille les frontières de l'art et de la folie. Et c'est en cela qu'il est captivant, c'est comme ça qu'il faut le voir, comme un athlète dans une compétition sportive ou un artiste à son oeuvre. C'est un jeu qui nous entraine en nous donnant nous aussi envie de jouer, pour trouver la beauté dans tous les styles qu'il façonne, et surtout les plus durs, et à en redemander encore. On en ressort avec une motivation particulière, entre l'amusement, la nostalgie, le rêve, l'inspiration artistique et le sens du drame. Pour ma part, c'était l'envie d'écrire ma première critique ciné.