Il y a déjà d’excellents films sur la musique [« Amadeus » (1984) de Miloš Forman, « Tous les matins du monde » (1991) d’Alain Corneau et « Le concert » (2009) de Raidu Mihaileanu pour n’en citer que 3]. Idem pour les films traitant des rapports père-fils [« L’horloger de Saint-Paul » (1974) de Bertrand Tavernier, « Un homme presque parfait » (1994) de Robert Benton et « Les invasions barbares » (2003) de Denys Arcand, par exemple]. Bruno Chiche a relevé le défi avec talent en transposant le film israélien « Footnote » (2011) de Joseph Cedar où père et fils sont des universitaires travaillant sur le Talmud, dans le petit monde des chefs d’orchestre. La gageure n’était pas évidente car, de prime abord, François Dumar (Pierre ARDITI) et son fils, Denis Dumar (Yvan ATTAL) sont plutôt antipathiques, le premier, bougon, égocentrique et jaloux de la notoriété de son fils qui vient d’obtenir une Victoire de la musique et le second, mutique, plein de ressentiment vis-à-vis de son père qu’il n’ose pas affronter directement mais la mayonnaise prend ! La mise en scène est fluide, sans temps morts, avec une belle photographie (Denis ROUDEN), notamment lors des concerts. La réussite est due aussi au talent des interprètes et à la qualité des seconds rôles [MIOU-MIOU, compagne (non mariée) de François et mère de Denis, Jeanne (Pascale ARBILLOT), agent et ex-femme de Denis, Virginie (Caroline ANGLADE), la nouvelle compagne de Denis et violoniste (crédible car coachée et doublée par Anne GRAVOIN violoniste) dans son orchestre et Mathieu, le fils de 18 ans de Denis et Jeanne] qui sont présents sans créer de digressions dans la narration. Comme souvent, les mauvaises relations entre le père et le fils proviennent de malentendus car ils s’aiment, sans se le dire. Même si la scène finale à la Scala de Milan [ouverture des « Noces de Figaro. K492 » de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)] n’est pas crédible d’un point de vue musical, elle n’en reste pas moins forte. Pour mémoire, les confusions de patronymes ne relèvent pas toujours de la fiction : ainsi, Kirk Douglas fut proposé comme président du jury du festival de Cannes en 1980, substitué (sous couvert de correction d’une coquille) à l’officiellement sélectionné, Douglas Sirk, cinéaste américain, mais inconnu du factotum adressant les invitations.