Fin des années 70, début des années 80, la VHS fut une véritable révolution dans tous les foyers possédant un magnétoscope. Un vent de liberté qui souffla des États-Unis jusqu’à l’URSS. Loin d’être qu’une simple petite brique noire en plastique, elle changea à tout jamais notre rapport à la télévision et au cinéma et d’autre côté, elle créa aussi la psychose auprès des majors hollywoodiennes. Retour en arrière, sur près de 20ans d’histoires et d’amours cinéphiliques pour les uns et de mal incarné pour les autres…
Milieu des années 70, Sony met au point le Betamax qui ne tardera pas à être détrôné par la VHS de chez JVC. Ce fut à l’époque une véritable révolution dans tous les foyers qui possédaient un magnétoscope. Les appareils coûtaient une fortune et pesaient horriblement lourd, mais qu’à cela ne tienne, c’était nouveau et avant-gardiste.
Avoir la possibilité d’enregistrer des programmes télévisés de chez soi était une véritable prouesse technologique. Les cinéphiles du monde entier s’échangeaient des films sous le manteau, s’envoyaient à l’autre bout du pays tel ou tel film ou tel épisode de série télévisée, faisant par la même occasion grincer des dents les chaînes de télé et les majors hollywoodiennes (Universal poursuivra Sony devant les tribunaux pour atteinte aux droits d’auteur. Cela ira même jusqu'à la Cour Suprême des États-Unis !).
La frénésie autour de la VHS est-elle que tout le monde s’y engouffre. Flairant le bon filon, ils sont nombreux à sortir sur support tout et n’importe quoi, cela va du feu de cheminée (pour recréer une ambiance dans son salon… sur ton écran tube cathodique) jusqu’aux vidéos pour chats, pour apprendre le golf ou suivre des cours d’aérobic avec Jane Fonda (et même des cours de sport tout en récitant la Bible !), voir même taper la discute avec un inconnu grâce à "Rent-a-Friend" (Loue un ami). D’ailleurs, le recueil de Pickett & Prueher ("VHS : Absurd, Odd, and Ridiculous Relics from the Videotape Era") en est le parfait exemple.
L’agitation autour de cette petite boîte noire prend de plus en plus d’ampleur avec l’apparition des tous premiers vidéo-clubs (avant cela, il fallait pouvoir compter sur les rares commerçants qui, en plus de vendre du pain ou des cigarettes, proposaient aussi quelques VHS en location, comme cela a pu exister en France). Plus besoin d’enregistrer ou d’échanger en tout discrétion des VHS, on peut désormais les louer. La folie autour de la VHS ne fait que s’accentuer.
La VHS donna aussi l’opportunité aux distributeurs d’exploiter bon nombre de films porno et d’horreur, c’est d’ailleurs ce qui marchait le plus à l’époque. Contraignant certains gouvernements à imposer une forme de censure pour faire interdire ces films en VHS, pendant que d’autres voyaient la VHS comme une nouvelle ère de liberté, voir un acte militant (durant la Guerre Froide dans certains pays du bloc soviétique).
Mais hélas, toute belle histoire doit avoir une fin, vers la fin des années 80 et l’expansion de la chaîne de vidéo-clubs Blockbuster, les vidéo-clubs se déshumanisent et une décennie plus tard, c’est l’arrivée du DVD qui viendra mettre un coup d’arrêt à cette formidable révolution.
En 2016, le dernier fabriquant de magnétoscope au monde a cessé sa production, nous sommes désormais orphelins d’un support vidéo qu’il nous faut prendre soin et conserver coûte que coûte.
Dimitri Kourtchine (Rocky IV - Le coup de poing américain - 2014) parvient à dresser une formidable cartographie de la VHS, là où Kinem & Peretic à travers l’excellent documentaire Adjust Your Tracking (2013), n’avaient fait que la survoler. Entrecoupés d’images d’archives et d’interviews de cinéphiles tous plus férus les uns que les autres de la VHS (il s’agit de collectionneurs, d’anciens salariés de vidéo-clubs, de distributeurs, réalisateurs, producteurs, …), Révolution VHS (2017) est un passionnant voyage dans le temps et un documentaire qui ravira les plus nostalgiques d’entre nous.
● http://bit.ly/CinephileNostalGeek ● http://twitter.com/B_Renger ●