Une très belle distribution, des costumes et des décors somptueux, une mise en scène plutôt convaincante et pourtant… Rien n’y fait !
L’ensemble semble tout droit tiré d’une ennuyante photographie de la société anglaise aisée, sans panache et sans véritable intérêt. Evidemment, on pourrait, à la rigueur, y voir une critique des rapports aristocrates/serviteurs, dans tout ce qu’ils comportent de complicité, d’humiliation et de dépendance. Mais là encore, il manque quelque chose d’indispensable : une vision acérée ou réaliste, peut-être même une pensée vraiment satyrique pour guider le fil de ces relations qui, a aucun moment, ne passionne.
Au milieu de cette flopée de personnages, pour la plupart plus fades les uns que les autres, dont les difficultés, les histoires de famille complexes et les lubies ne nous concernent absolument pas, nous attendons – en désespoir de cause – un meurtre qui tarde à arriver. Presque les 3/4 du film sont passés avant que l’intrigue ne démarre vraiment ! Et c’est un policier. Bien sûr ! Rien de choquant là-dedans, n’est-ce pas ?
Le problème tient au rythme narratif complètement brisé par d’éternels bavardages et des diners incessants… La complexité de l’intrigue et de trop nombreux personnages finissent par perdre le spectateur, dont le principal objectif sera de reconnaître qui est qui dans cette pseudo-enquête indéniablement ratée.
Heureusement, quelques bons acteurs – ceux qui ont hérité des meilleurs rôles –, parviennent à livrer quelques prestations intéressantes : Maggie Smith et Kristin Scott Thomas, en bourgeoises glaciales, arrivent en tête mais il faut reconnaître que Ryan Philippe ou Clive Owen, dans le style « ténébreux valets ambigus », ne s’en tirent pas trop mal non plus, échappant à cet austère massacre avec élégance.
Au final, Gosford Park ressemble davantage à un journal de cancans façon XXème siècle : une couverture qui présente bien mais des articles ennuyeux, superficiels et inintéressants.