Avis sur Do Not Split

Do Not Split est un court documentaire (une vingtaine de minutes) filmé au cœur des manifestations de la Révolution des Parapluies, ce mouvement de protestation populaire à Hong Kong qui lutte pour garder l'indépendance administrative et juridique (héritée de l'appartenance à la couronne britannique jusqu'à la cession de Hong Kong à la Chine en 1997) d'avec une Chine plus radicale et autoritaire... Quand la police a commencé à gazer les manifestants au lacrymogène (visiblement ultra-puissant), les parapluies ont poussé comme des champignons au sein des cortèges, faisant l'identité des manifestations, et donnant le nom de Révolution des Parapluies (assez joli et poétique, si seulement il ne désignait pas tant de violence...). Anders Hammer tient donc sa caméra ou son téléphone à bout de bras dans la folie humaine, dans les coups qui pleuvent, dans les mouvements de foules désespérés, en face des policiers qui se ruent sur lui toutes matraques dehors : on lui crie instinctivement "Mais cours ! Pars !". On a mal au cœur lorsque l'on tombe sur des images de violences urbaines signant le désespoir des habitants (les banques brûlées, les vitrines fracassées, les briques jetées sur les voitures...), sur des images de la haine de l'autre "versant" de la population (les partisans de l'unification juridique avec la Chine, qui agitent leur drapeau rouge en insultant les manifestants), ou encore des passants devenus des dommages collatéraux (la petite fille venue en touriste qui a pris du gaz lacrymo, le papy qui rentrait chez lui et s'est pris des coups de matraque sur le sommet du crâne... On n'a plus les mots.). Les événements sont datés, le montage est un peu chaotique (normal), mais l'on ne pourra jamais être plus près de son sujet qu'Anders Hammer, une prise de risque payante à l'écran. On espère que les parapluies retrouveront bientôt leur usage de flâner sous la pluie...