Ils sont rares ces films-là. Ceux qui nous frappe sans prévenir par leur réussite et tout ce qu’ils nous font ressentir. Voilà donc un petit miracle de cinéma. Un bijou qui vous cueille de la première à la dernière minute sans discontinuer. Une bulle de bonne humeur et de bonnes ondes qui vous fait sortir de la salle avec les yeux embués et le sourire aux lèvres. « En roue libre » c’est tout cela et bien plus encore. C’est tout à fait le genre d’excellente surprise à laquelle on ne s’attend pas du tout, qu’on va se dépêcher de conseiller à tout le monde à la sortie de la salle et même qu’on a envie de garder rien que pour soi pour le faire découvrir et partager à ceux qu’on aime. C’est un peu la magie du septième art qui fonctionne à plein régime sans crier gare à travers ce film. Une petite œuvre quelconque en apparence faite d’une multitude de petits riens qui, mis bout à bout, lui donne toutes les qualités et caractéristiques d’une grande. Comme si tous les astres cinématographiques s’étaient alignés pour faire que ce long-métrage ne ressemble à aucun autre et conquiert nos cœurs et nos esprits.
Mais peut-être que « En roue libre » serait beaucoup moins réussi s’il ne comptait pas à son casting l’un des plus beaux duos de cinéma vu depuis longtemps sur grand écran. Le genre d’association d’acteurs qui confine à l’idée de génie. Bravo au directeur de casting et au réalisateur d’avoir associé la géniale Marina Foïs et la nouvelle étoile qui monte Benjamin Voisin. Le film leur doit beaucoup, ils en sont le cœur. Leur complicité est évidente et leur osmose à l’écran est fantastique. C’est un coup de maître. La concernant, il n’est même plus nécessaire de vanter ses talents d’actrice. Elle est parfaite quasiment tout le temps et il est impossible de contredire son aisance à investir n’importe quel rôle ainsi que n’importe quel genre de film avec une facilité et une maestria qui s’apparente à un don. Quant à lui, avec sa belle gueule, son charisme et son jeu d’acteur au naturel épatant, il confirme, après les déjà excellents « Été 85 » et « Illusions perdues », qu’il est le meilleur acteur de sa génération. Tous les deux sont proprement incroyables, inoubliables et beaux et on a presque envie d’être dans la voiture avec eux et de les accompagner dans leur périple plein de folie.
Partant d’un postulat loufoque et farfelu, « En roue libre » est loin de n’être qu’une comédie à l’humour décalé. Didier Barcelo réussit le tour de force de maîtriser les tonalités de son film de manière impeccable, passant de la gravité à la légèreté dans un parfait numéro de funambule proche de la perfection. Pour un premier film, c’est proprement impressionnant. Rien ne cloche ici, les séquences toutes plus originales, drôles et inventives les unes que les autres s’enchaînent à un rythme fou. Bourré de dialogues succulents, elles ont le bon sens d’être toujours plausibles, de ne jamais en faire trop. Le road-movie est un genre rare en France et bien ici il a trouvé l’un de ses étendards. Cette virée à travers le pays, au fil des rencontres et des péripéties, nous fait fondre. Les personnages sont beaux et intéressants et leur association fait des étincelles à chaque arrêt. On ne compte plus les moments en état de grâce sublimés par une mise en scène à la fois discrète mais travaillée, solaire mais sans chichis. On ne voudrait plus les quitter et quand l’heure de clore le film arrive, on se demande bien comment cela va se terminer. Et bien encore une fois, de la plus belle des façons, dans une ultime séquence belle à se damner en forme d’hommage à l’un des plus grands road-movies de cinéma, « Thelma et Louise ». Inoubliable moment de cinéma que ce magnifique long-métrage sorti de nulle part qui fait un bien fou...
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