On ne sait ce qu'il faut admirer le plus dans Love Life, le dernier opus (majeur) de Kôji Fukada : la dentelle de son écriture ou la splendeur de sa mise en scène ? Les deux, évidemment, dans ce film qui fait ressentir de façon si poignante l'impression de perte, que ce soit pour une rupture amoureuse ou, pire, pour un deuil accompagné d'un sentiment de culpabilité. Tout s'imbrique de façon harmonieuse, si l'on ose dire, dans le chaos que devient la vie d'un couple à la suite d'un événement terrible. Le film n'a pas besoin de flashbacks pour distiller les chagrins d'un passé qui remontent à la surface. Ce sont de petits détails qui font souvent sens : la fuite d'un chaton, le reflet du soleil sur un disque, un déménagement, etc. La finesse du récit, qui plonge au plus intime de ses personnages, est confondante, sans qu'il n'y ait pourtant trace de pathos ou, à l'inverse, de mièvrerie. Tout sonne juste, dans un savant équilibre entre drame, comédie et romantisme. Et le film n'a pas son pareil pour montrer que tout peut vaciller en un instant et que l'on ne connait jamais complètement celui ou celle avec qui on partage sa vie. Ne pas oublier non plus la portée sociale de Love Life avec la difficulté de mener une vie de mère célibataire ou encore la situation des sans-abris, thèmes que le réalisateur rattache de manière intelligente à son scénario (même remarque pour la langue des signes, élément important de l'évolution dramatique du film). A 43 ans, Kôji Fukada est déjà l'auteur d'une filmographie abondante et brillante. Et si, avec Love Life, il venait de signer son meilleur long-métrage, à ce jour ?