C'est un film de somnolence comme il y a Indiana Jones, film d'action. La somnolence, trouée par des dérangements auxquels on ne s'attend jamais dans la vie, à la différence de l'action. Il n'y a ni de quoi s'étonner ni de quoi se nourrir.
Ce film c'est comme ouvrir un dictionnaire ou mieux, surfer sur internet. Des sujets s'imposent (c'est l'aspect surprise), ils vous interpellent, parfois ils vous touchent, puis ils s'en vont (la famille, la mort, l'amour, la culpabilité, la solitude, la religion, le mensonge).
Par exemple : sur la belle mission de protéger l'autre ; plus simplement, sur le besoin de se parler dans les yeux (le mec en est incapable) ; ou encore, après une mort soudaine, quand on entend : "tout le monde veut vite s'habituer a un monde sans lui [...] les gens te diront d'avancer, ne l'oublie surtout pas, car cette épreuve fait partie de ta vie"... Mais les sujets s'évanouissent... Par évaporation, ou parce que l'ubuesque surgit.
Dehors tout est gris, alors on continue. Comme ce film, qui a l'art de magnifier l'ordinaire de la vie, dont c'est le décor à la fois changeant et permanent.
"Quand la tristesse devient joie"... Ils le disent. Mais ça s'expérimente, ça ne peut pas se raconter. La chanson du générique de fin est là pour positiver : "Même si tu ne me souris pas, reste en vie avec moi"...
A.G.