Bien sûr, on retrouve le charme des films de Kôji Fukada, qu'on suit depuis une dizaine d'années, films où les sentiments se mêlent, s'entrelacent, complexes, souvent aux confins de la conscience.
Malheureusement, il y a dans Love Life une faiblesse scénaristique qui empêche, malgré la fluidité, l'élégance de la mise en en scène, de rentrer complètement dans le film, j'y reviendrai.
On sait tout de suite que l'on ne sera pas, cette fois ci, dans un aimable marivaudage, mais dans le drame, car
le film commence par la pire chose qui puisse arriver à une famille: la mort accidentelle d'un enfant.
Jiro (Kento Nagayama) était fiancé avec une jeune fille "bien sous tous rapports", Makoto (Tomorowo Taguchi), aimée de sa future belle famille, tout en entretenant une liaison avec Taeko (Fumino Kimura), mère célibataire d'un petit garçon -le père les a plantés là quand le petit Keita avait un an. Et finalement, c'est Taeko qu'il va épouser. Ce que le beau-père prend très mal -il déteste celle qu'il considère comme déshonorée, et donc déshonorante pour la famille.
Pourtant, tout le monde semble adorer le petit Keita (Tetta Shimada), un petit bonhomme affectueux et rigolo, champion, de surcroit, d'un jeu de stratégie, Othello (ou Reversi). Jiro joue les pères, et sa maman joue les grands mères. Seuls le grand père revêche attend un vrai petit fils de son sang. Mais Taeko a organisé une grande fête pour son soixantième anniversaire....
Après le drame, les personnages du passé vont ressurgir, et surtout Park (Atom Sunada), le père biologique de Keita. Et cette famille, cette jolie famille si amoureuse, si unie, va voler en éclat. Park est une sorte de clodo coréen sourd muet, une espèce de bête sale et menteuse qui vit aux crochets des autres (de plus, plus laid qu'un pou malade) , et rien ne permet de comprendre que Taeko l'ait cherché désespérément pendant des années. Et qu'à nouveau, elle se mette dans la tête qu'il a besoin d'elle et qu'elle doit l'aider. On comprend bien que Taeko souffre du complexe de la soeur de charité -tant de filles perdent leur vie en se persuadant qu'elles doivent absolument "sauver" quelqu'un qui ne le mérité absolument pas (à commencer par l'Elvira de Don Giovanni... Mais au moins Don Giovanni était-il séduisant!) On comprend aussi qu'après la perte de son petit garçon, elle éprouve le besoin de se sentir utile pour quelqu'un de plus faible qu'elle.... Mais enfin..
Bref, j'ai apprécié les qualités de cinéphilie du film -mais n'y ai pas du tout adhéré. Pour moi, c'est un peu un coup pour rien dans la partie...