Il y a certains pitchs de films qui nous font nous demander si leurs auteurs n’avaient pas pris des stupéfiants avant de les pondre (et ce serait de rigueur ici!) et comment ils ont pu réussir à voir le jour tellement ils sont saugrenus et azimutés sur le papier. Pourtant, on ne parle pas ici d’un film de la famille Cronenberg ou même d’un film de science-fiction. Jugez plutôt par vous-même : dans les années 80, un ours va par accident absorber des kilos de cocaïne lâchés par un trafiquant dans les airs alors que son avion s’est écrasé. Ce qui va amener l’animal sauvage à devenir particulièrement violent, agressif et fou et ainsi terroriser les différents visiteurs du parc national où il se trouve. Vous avez dit perché ? Sauf que, et tenez-vous bien, cette histoire s’inspire d’un fait divers ayant vraiment eu lieu. Oui vous avez bien lu. Alors vous pouviez peut-être trouver les requins génétiquement modifiés de « Peur bleue », le crocodile géant ami d’une vieille dame dans « Lake Placid » ou les reptiles dans les airs de « Des serpents dans l’avion » quelque peu décalés, grotesques ou improbables, on a trouvé pire ou tout du moins tout aussi énorme mais c’est ici inspiré d’événements réels. Alors bien sûr, seul le point de départ l’est, surtout quand on voit la direction (salutaire) prise par le « Cocaïne Bear » de verser dans la comédie gore et presque absurde.
Avec un postulat pareil, faire un film sérieux de terreur animale comme le récent « Beast » et son lion enragé aurait été quelque peu risqué. L’actrice Elizabeth Banks, qui commence décidément apprécier à se retrouver derrière la caméra (on lui doit le remake sympa de « Charlie’s Angels »), fait le choix de la gaudriole et de la série B qui tire même parfois vers le Z. Mais c’est totalement assumé donc on ne lui reprochera pas ses envolées tirant vers le bis qui sont d’ailleurs peut-être parfois les meilleurs moments du long-métrage. On pense notamment à la scène déjà culte et qui, à elle seule, pourrait justifier la vision de « Cocaïne Bear » : celle de l’ambulance. Scénaristes, réalisatrice et acteurs y osent tout dans un délire d’action, de gore et de rires parfaitement orchestrés. Le moment le plus jubilatoire du film, sans conteste, et la palme du second degré foufou le mieux digéré depuis des lustres avec une Margot Martindale impayable en garde forestière qui ne sait pas viser. Un grand moment parodique et débile parfaitement négocié et dont on rit encore après la projection.
Après il faut avouer que le film est loin d’être de cet acabit sur toute l’heure et demie qu’il dure. Les moments gores sont plutôt nombreux mais on aurait aimé que cela aille encore plus loin. Pareillement, les séquences réellement drôles sont présentes, on en compte trois ou quatre qui font vraiment marrer, mais on aurait aimé en avoir plus. Comme si Banks se retenait la plupart du temps au lieu de lâcher totalement la bride, comme dans un « Kick-Ass » par exemple. Entre ces scènes les plus stimulantes, le reste s’apparente à du remplissage, entre comique décalé qui fonctionne à moitié et histoires personnelles de personnages la plupart inintéressants et ressemblant à des vignettes. Et il faut avouer que Banks filme son histoire sans grande inspiration visuelle hormis la scène précitée et quelques plans par-ci par-là. C’est sympa et fun pour un samedi soir sans se prendre la tête mais il aurait fallu aller au bout du délire pour obtenir un film complètement culte. A noter cependant, l’excellence des effets spéciaux concernant l’ours, très impressionnants.
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