Dans l'Amérique des 50's, une mère et son jeune fils emménagent dans une maison isolée pour entamer une nouvelle vie. Mais, entre un téléphone qui ne cesse de sonner, des visions inexpliquées et une présence près d'un étang aux alentours, leur quotidien se retrouve vite mouvementé...
Fuir et éluder le passé n'est jamais une bonne idée au cinéma, surtout si celui-ci se rappelle à vous sous les traits d'une menace fantastique ! C'est évidemment ce qui arrive dans "Monstrous", avec son récit extrêmement prévisible où, on le décèle assez vite, l'empreinte d'un lourd traumatisme plane au-dessus de la tête du personnage de Christina Ricci et de son fils en parallèle d'événements étranges cherchant à malmener leur bien-être psychologique. Et, dans l'ensemble, on ne peut hélas pas dire que le film de Chris Sivertson cherche à ressembler à une proposition follement originale en la matière, tous les codes attachés à ce type d'histoire depuis des dizaines d'années semblent en effet s'être donnés rendez-vous dans "Monstrous" en vue d'y annihiler tout effet de surprise, jusqu'à même rendre son twist principal envisageable dès ses premières minutes par quelques astuces/indices très grossières et datées de mise en scène.
Pas aidé non plus par un versant surnaturel à l'imagerie quelconque, "Monstrous" ne fera jamais de réels d'efforts pour s'écarter de ce chemin scénaristique balisé où, bien entendu, tout paraît se concentrer sur cette mère en train de se noyer dans un cocon de "American Way of Life", propre à cette époque, qu'elle tente de maintenir autour d'elle et de sa progéniture au-delà de leurs difficultés croissantes.
C'est d'ailleurs sur ce dernier point, cette image figée et rétrograde de mère au foyer modèle à laquelle se raccroche désespérément ce personnage, que "Monstrous" parvient malgré tout à tirer un semblant d'identité. Même si, malheureusement, il utilise ce contexte comme une simple autre corde à son arc à twists (là aussi, devinable), l'obsession de cette mère à incarner cette figure idéalisée effleure de vraies bonnes idées pour construire un portait touchant de femme brisée, que l'interprétation solide de son actrice principale, notamment dans le dernier acte, élève à un niveau de détresse émotionnelle trop timidement embrassé par le reste.
Cette petite variation ne sera pas suffisamment exploitée pour sauver cet oubliable "Monstrous" de son entêtement à s'enliser dans les clichés les plus monstrueusement routiniers du genre mais, par le potentiel qu'elle laisse entrevoir le temps de fugaces séquences, elle nous fera avoir un minimum d'indulgence à son égard, tout comme le plaisir d'y retrouver une Christina Ricci devenue toujours trop rare.