« Novembre » décrit les cinq jours de l’enquête et de la traque d’ Abdelhamid Abaaoud. La grande force du film est son absence complète de pathos : à part la brève scène de l’hôpital, les victimes son évoqués uniquement par des cris et le bruit des tirs. Ainsi Cédric Jimenez et Olivier Demangel se sont concentrés sur les services de police et leur combat contre le temps, face à une hiérarchie politique qui ne pense qu’au résultat. Concentré, irrespirable et efficace, le réalisateur montre qu’il peut se comparer sans rougir aux meilleures réalisations outre atlantique. Là est sa première tare aux yeux de la profession hexagonale dans le sens le plus large (réalisateurs, scénaristes, producteurs, acteurs, journaleux) pour qui le cinéma américain n’est pas une concurrence, mais un ennemi. Deuxième problème de Jimenez, il a « commis » aux yeux de la gauche (99% de la profession) « Bac Nord » pour soit disant projeter Marine Le Pen au deuxième tour (comme si Macron n’y était pour rien). Ainsi, malgré un montage parfaitement resserré, une photographie de très grande qualité (l’assaut final est un modèle de lisibilité et de brutalité), une reconstitution soigneuse, une bande son très travaillée et un casting qui s’efface avec une mesure certaine devant le sujet (une mention particulière pour la prestation hors du commun de Lyna Khoudri), Jimenez est revenu bredouille une fois de plus des Césars (qui pour une fois récompense un très bon film : « La nuit du 12 »), permettant ainsi au monde du cinéma de penser qu’il combat (et sans doute se venge ?) de l’extrême droite. Je n’ai pas vu en « Novembre » un acharnement désordonné contre une population qui ne peut pratiquer calmement l’islam en France, sans être pourchassée et assassinée (« la police tue » selon LFI). Ni une glorification de la police (mais plutôt une critique sur ses dysfonctionnements), qui participerait à la montée de l’extrême droite. Il faudrait donc éradiquer ce genre de cinéma pour continuer dans le bon entre soi nombriliste que, soit disant, le monde entier nous envie, mais que les distributeurs n’achètent pas (les cuistres !). Personnellement je préfère cent fois « Novembre » à toutes ces réalisations verbeuses et sans talent, même si les trépidations des cent cinq minutes du film permettent à peine d’effleurer le fond, tout en laissant le spectateur peu éprouvé, mais épuisé et inquiet.