J'ai vu un film... qui fait resurgir avec force les souvenirs douloureux des attentats terroristes qui ont frappé Paris le 13 novembre 2015 : le Bataclan, le Stade de France, les terrasses de cafés... Ce soir-là, 130 personnes ont perdu la vie et 354 autres ont été blessées dans des attaques d'un terrorisme islamiste détestant la démocratie, revendiquées par Daesh.
Cinq jours de cavale ont suivi pour traquer les terroristes, une traque menée par les forces antiterroristes françaises, en particulier par la SDAT (Sous-Direction Anti-Terroriste), qui est au cœur du film.
Le film choisit de se concentrer sur ces cinq jours intenses, sans reconstituer les attaques ni personnifier les victimes ou les terroristes. Ce choix, loin de diluer la gravité des événements, renforce leur impact, en respectant la douleur des survivants et des familles (d'ailleurs c'eut été indécent...). Plutôt que de revivre l'horreur des attaques, on est immergé dans les coulisses de l'enquête, au sein des équipes de la SDAT, confrontées à la pression, au manque de sommeil, et à l'angoisse de nouvelles attaques imminentes.
Ce qui rend ce film si puissant, c'est la précision de la documentation. La rigueur du scénario est palpable, chaque détail, chaque dialogue, chaque regard est chargé d'une tension omniprésente. Le réalisme qui en découle est d'autant plus percutant. Les personnages, interprétés avec une grande justesse par des acteurs comme Jean Dujardin, Sandrine Kiberlain et Anaïs Demoustier, sont profonds, nuancés, et le spectateur ressent leur fatigue, leur détermination, mais aussi leurs doutes. Le montage est nerveux, sans jamais céder au sensationnalisme, et la mise en scène spectaculaire de Cédric Jimenez (réalisateur de BAC NORD, notamment) nous tient en haleine de bout en bout.
Le film nous maintient dans un équilibre délicat : transformer un drame collectif et national en thriller d'action tout en respectant l'histoire personnelle des protagonistes, agents engagés dans une course contre la montre infernale. La traque devient un véritable compte à rebours haletant, rythmé par des plans serrés, des dialogues minimaux mais poignants, et une tension croissante.
Le suspense est d'autant plus impressionnant que l'issue est connue : les terroristes seront capturés ou neutralisés. Mais ce qui importe ici, ce n'est pas la fin en soi, mais les épreuves des personnages, leur humanité face à la tragédie, leur résilience. En refusant de donner un visage aux assaillants, le film laisse la violence à sa place, et évite de glorifier la barbarie. Au contraire, il montre l'impitoyable machine de la traque, concentrée sur les faits, dénuée de toute complaisance.
Le film résonne en nous comme un rappel poignant, un hommage à tous ceux qui ont été touchés par cette nuit tragique et à ceux qui, dans l'ombre, ont œuvré pour ramener la sécurité et la justice.
"Novembre" est un film de mémoire, une plongée aussi brute que nécessaire dans une part sombre de notre histoire récente.