Il y avait certainement du potentiel cinématographique dans un biopic de Frida Kahlo, peintre dont la vie et l'oeuvre sont assez marquantes. La réalisatrice Julie Taymor semble l'avoir bien compris, et le retranscrit assez bien à l'écran, même si elle n'ose jamais véritablement sortir des frontières du biopic académique. Un peu comme dans "La môme" d'Olivier Dahan, le film ne montre pas tant les oeuvres que les drames qui ont engendré la naissance de celles-ci. Quelques séquences picturales sont vraiment très réussies, mélangeant en quelque sorte le cinéma et la peinture. Dommage qu'elles soient trop rares sur l'ensemble du film, qui reste en fait un petit peu trop conventionnel, et prévisible (notamment dans les histoires d'amour et d'adultère). Mais on peut se réjouir de ces quelques scènes vraiment puissantes, où les peintures prennent une nouvelle dimension, traduisant en quelque sorte le rapport de Frida à la mort, la souffrance, l'amour, etc.. Rarement on aura senti à quel point la peinture devient le langage d'un être humain, et le moyen de réapprendre à marcher, à vivre. Le choix du biopic est donc pertinent, en ce qu'il illustre la constance du rapport entre peinture et vie pour Frida. Dans ce rôle, Salma Hayek illumine le film de sa présence, de son acharnement et de son travail. Le film bénéficie aussi de seconds rôles efficaces (Alfred Molina, Ashley Judd) et quelques guest star bienvenues (Banderas, Norton, Rush). En bref, à travers "Frida", Julie Taymor signe un biopic qui, sans être révolutionnaire, est pertinent et original.