Rendre le monde meilleur
Encore un 1er film, cette fois-ci signée par Emilie Frèche. Ces 98 minutes ne pouvaient qu’attirer la polémique, voire la haine de ceux qui s’autoproclament « identitaires » et dont les agissements sont dénoncés dans ce film courageux bien que parfois maladroit. Sur la route de Briançon, la voiture de David percute un jeune exilé poursuivi par la police. Suivant son instinct, David le cache dans son coffre et le ramène chez sa compagne Gabrielle qui vit avec ses deux enfants. Bouleversé par le destin de cet adolescent, David s’engage à l’aider coûte que coûte. Voilà un film évidemment humaniste mais aussi sur la désobéissance à la loi et sur la manière dont des gens ordinaires, tout en restant fidèles à leurs valeurs, deviennent des héros.
Face aux grands mouvements migratoires qui nous attendent dans les années à venir, une seule question se pose : comment accueille-t-on, et dans quelles conditions ? Ce film est un cri de colère, un film « contre ». Jusqu’à ce que l’on parle clairement de Cédric Héroux, - dont cette histoire est visiblement inspirée -, la solidarité était criminalisée sur le territoire français, alors que le mot « fraternité » est inscrit dans notre devise républicaine. On notera la qualité de la photographie pratiquement réalisée entièrement en lumière naturelle dans une palette de vert de gris, y compris pour les costumes, les décors. Rien à dire de plus sur la thèse ici défendue avec générosité. Côté cinéma pur, on reste un peu sur sa faim malgré un casting flamboyant.
Tout en haut on retrouve l’excellentissime Benjamin Lavernhe, - from the French Comédy – qui sait décidément tout faire. A ses côtés Julia Piaton, Bruno Todeschini, et la magnifique Catherine Hiégel, sont au diapason et portent avec force ce beau scénario. Quant aux exilés du film, pour la plupart figurants, ils ne sont pas acteurs. Ce sont de vrais exilés, engagés grâce à une convention avec Emmaüs. Un message de tolérance parfois un peu trop didactique ce qui empêche par instant l’émotion pure qui ne doit pas faire oublier qu’au-delà des chiffres, il y a des hommes, des femmes et des enfants qui fuient la misère, la guerre et l’horreur. Sincère et poignant.