Un peu de géographie de cinéma. Il est vrai qu’on pouvait mettre l’Italie au même niveau que l’Allemagne et la France et loin derrière le Royaume-Uni et surtout l’Espagne en ce qui concerne les films de genre : ils sont rares, généralement peu convaincants et souvent (mal) copiés sur le cinéma de genre américain. Mais comme pour nous, français, avec des réussites comme « Martyrs », « Haute tension » ou plus récemment « La Nuée », il y a des exceptions. « A classic horror story » en fait partie. Pourtant il ne partait pas sous les meilleurs auspices (de son titre à son résumé) mais il est justement assez malin pour nous surprendre. En nous laissant volontairement avoir une approche aussi triviale avant qu’on le visionne, il se paye le luxe de nous prendre de cours pour notre plus grand plaisir. Et si ce n’est pas non plus un chef-d’œuvre du genre, il se positionne comme une série B assez maligne et roublarde pour nous convaincre. De plus, l’image terne et triste est soignée et fait penser aux vieux films d’horreur italiens des années 80, les fameux giallos, avec effet nostalgique assuré. Ajoutons à cela des personnages bien plus fouillés et des acteurs plus concernés qu’à l’accoutumée pour le genre, et on obtient une œuvre intrigante.
Le film débute comme un vulgaire film d’horreur classique justement. Et on se dit qu’on est parti soit pour un hommage (encore), relativement en panne d’idées, ou à un film de genre premier degré qui suinte le déjà-vu par tous les grains de pellicule. Mais non, plus le film avance et plus on voit des influences se digérer et le film changer constamment de direction, plus on comprend que « A classic horror story » sera quelque peu différent de ce qu’on s’était mis en tête. Le long-métrage broie d’ailleurs les références au mixeur pendant une bonne heure : cela commence par « La Colline a des yeux » ou « Massacre à la tronçonneuse », se prolonge comme « Détour mortel », continue comme « Halloween » ou « Vendredi 13 », bifurque vers « Le Village » et « Midsommar » et tout cela avec une forte influence esthétique entre « Cannibal Holocaust » (fer de lance du cinéma de genre italien) et tous les films de found-footage, « Le projet Blair Witch » en tête. Oui, vous avez bien lu, tout cela à la fois mais sans que jamais ce ne soit gênant.
Certes, tout cela peut sembler bordélique de prime abord et ça l’est un peu mais c’est aussi ce qui fait un peu le charme du projet. Mais c’est aussi peut-être ce qui fait un peu le défaut du film : on sent le duo de réalisateurs plein d’idées et grands fans du genre mais pas encore tout à fait en pleine possession de leurs moyens. Cependant, s’ils n’inventent rien, ils parviennent à nous avoir avec plusieurs rebondissements dans le dernier tiers du film qui rebattent les cartes à tous niveaux. Narrativement déjà car on ne s’attend pas du tout à ces twists mais aussi au niveau de la tonalité et c’est franchement réussi si on ne va pas trop chercher dans les détails (c’est quelque peu improbable et pas toujours logique). « A classic horror story » part donc dans un délire méta jouissif et assez bien amené sur notre manière de consommer des films d’horreur. Un peu comme « Scream » l’avait fait en son temps, toute proportions gardées. Et la scène post-générique où Netflix se met en abyme est osée et vraiment inattendue. Si l’on passe donc sur les quelques trous du scénario et le côté un peu foutoir, c’est clairement appréciable, surprenant et cela déborde d’énergie et d’amour du genre. De plus, dans la première heure, il y a pas mal de plans franchement beaux et même pas mal de frissons doublés d’une atmosphère malsaine qui s’avèrent du meilleur effet. A découvrir donc si on aime les films d’horreur.
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