Il fut un temps où ce genre de comédie romantique US, avec de grands noms du cinéma pour vedettes, était monnaie courante sur grand écran. Mais, peut-être à la suite d'une trop grande offre interchangeable en la matière il y a une bonne dizaine d'années, ce n'est désormais plus vraiment le cas, au point que ce "Ticket to Paradise" fait même figure de dinosaure en sa catégorie en déboulant aujourd'hui dans un étonnant anonymat au cinéma (imaginez le retentissement qu'aurait eu un long-métrage réunissant à nouveau Clooney et Roberts dans les années 2000 après "Ocean's Twelve"). Et, il faut bien l'avouer, de notre côté, c'est bien plus par nostalgie du genre et de son prestigieux duo d'acteurs (il le restera toujours à nos yeux en tout cas) que l'on est prêt à prendre ce ticket pour le paradis plutôt que dans l'espoir d'y trouver une forme de renouveau.
D'ailleurs, si renouveau vous étiez venus chercher, le film de Ol Parker (connu essentiellement pour la suite de "Mamma Mia!"...) vous fera vite comprendre qu'il n'y a absolument rien à attendre de lui sur ce plan ! Avec son pitch voyant un couple divorcé partir à Bali pour empêcher le mariage de leur fille qu'il juge déraisonné, "Ticket to Paradise" est une espèce d'archétype dépassé de comédie romantique, aux codes figés d'une autre époque, un peu comme si quelqu'un était tombé sur un scénario dormant sous la poussière depuis au moins quinze ans (sinon plus) et avait eu la curieuse idée de l'adapter en 2022 en faisant fi de toute modernité. Dans le fond, ça ne nous aurait pas tellement dérangé si "Ticket to Paradise" avait été justement un digne représentant de la période la plus faste de ce type de comédie romantique (on l'a dit sans honte, on est aussi là par nostalgie)... Sauf que, même à l'époque, tout son contenu nous aurait déjà paru très daté, aussi bien dans l'exploitation terriblement prévisible de son postulat, de la pauvreté de la majorité de ses situations comiques, de ses fades péripéties romantiques et même de ses personnages usés jusqu'à la corde. Soyons justes, quelques gags ou un minimum d'émotion (vers la fin) brisent parfois l'indifférence que l'ensemble du film peut susciter mais ils sont avant tout à mettre au crédit de son fameux couple de stars.
Leur complicité évidente (le bêtisier du générique de fin la confirme), leurs mimiques, leur charme commun qui reste intact malgré les années, leurs connaissances du genre qui leur permettent d'en offrir un peu plus en dépit de la faiblesse d'écriture de leurs personnages... Ces retrouvailles avec George Clooney et Julia Roberts sont bien entendu la meilleure (et seule ?) raison de prendre un ticket pour subir cette comédie d'un autre âge, où la classe du premier et le sourire de la deuxième (éternelle arme de destruction massive pour faire fondre notre petit coeur) parviennent à tirer vers le haut le peu de choses que le long-métrage a de meilleur à offrir.
Comme Kaitlyn Dever et Billie Lourd venues sûrement dans l'unique but de partager des scènes avec ce duo irrésistible (on ne voit pas d'autres raisons sur ce qui a pu les attirer dans des rôles aussi niais, sinon un séjour tous frais payés dans un cadre paradisiaque), le plaisir de revoir ces acteurs en train de s'amuser sincèrement et avec si peu de choses réussit à sauver la mise d'un film qui n'aurait tout simplement aucune raison d'être sans eux.