Sur le papier, « The Pale Bue Eye » évoque fortement les polars militaires des années 80/90. Avec son intrigue de meurtre sordide sur un campus militaire (ici, West Point). Deux enquêteurs, l’un civil, l’autre soldat. Des gérants de la base/académie particulièrement rigides et hautains. Etc.
Sauf que le film se déroule en 1830, et que l’un des enquêteurs n’est autre qu’Edgar Allan Poe ! Un choix original mais à double tranchant. Cela permet d’ajouter une élégance poétique bienvenue aux dialogues, et cela renforce l’aspect polar gothique, proche de l’esprit de l’œuvre de l’auteur. Par contre, l’intrigue s’en trouve évidemment biaisée pour des raisons historiques, car il ne pourra être ni le coupable, ni une victime !
Visuellement, le film est réussi, jouant sur un gothique hivernal. A l’appui, brume et intérieurs (paraissant ?) éclairés à la bougie. Et il est porté par de très bons comédiens. Christian Bale en ex-inspecteur intelligent et froid. Harry Melling, excellent en Edgar Allan Poe littéraire, frêle et morbide. Et une série de bonnes têtes qui apparaissent çà et là (Toby Jones, Robert Duvall, ou Charlotte Gainsbourg !).
Par contre, l’enquête accuse d’un coup de mou en milieu de film, ne semblant aller que lentement dans une direction. Tandis que le tout dernier acte accumule beaucoup d’incohérences.
S’il est de notoriété publique que la fille de Landor a été violée par des cadets de l’école, comment ses directeurs peuvent-ils l’embaucher pour une enquête ?
Pourquoi Artemus et Lea sont-ils autant impassibles alors que clairement, quelqu’un essaie de leur coller des meurtres sur le dos ? Comprenant qu’il s’agit de meurtre, pourquoi le docteur n’a-t-il pas confronté ses enfants ?
Pourquoi Poe cherche à défendre comme non meurtriers des gens qui ont tenté de le sacrifier ?
Je passe sur le fait que Landor embauche Poe comme assistant, qui n’est pas vraiment dans son intérêt. Il y a bien une explication donnée à la fin (il cherchait à se faire attraper par quelqu’un qu’il respecte). Mais c’est poussif et surtout là pour justifier l’intrigue…
Bref, « The Pal Blue Eye » est un joli polar gothique, mais qui aurait mérité un écriture plus sérieuse de son final.