Le James Bond nouveau est arrivé. Un nouveau genre de James Bond, différend de l’espion ancienne génération, même si ils ont les mêmes initiales. Plus vrai que nature, plus « réaliste », froid comme une machine, avec des failles et des faiblesses, il est amnésique, et pourchassé par ses anciens maîtres. C’est le renouveau du film d’action politique, genre que l’on croyait mort depuis la fin de la guerre froide. Matt Damon est parfait en soldat rebelle à la recherche de son identité, et cette quête le transforme en homme de chair, crée une empathie immédiate avec les spectateurs que nous sommes. Le scénario est solide, tout s’enchaîne comme dans un puzzle, qui se complète petit à petit, et on comprend l’ampleur du problème de Bourne, empêtré dans un engrenage dont il aura du mal à se tirer. Et avec les figures imposées du genre : cascades, corps à corps, poursuites d’hommes, action sur plusieurs continents. C’est nerveux, dynamique, et passionnant du début à la fin. Ce film apporte plus qu’il ne promet, le soldat Bourne refuse sa condition de pion et se bat contre un ennemi invisible, pour devenir un homme « normal », redevenir un anonyme lambda. C’est la fin du mythe du James Bond, sans peur et sans reproche, qui se bat sans se poser de questions, pour la patrie, au service de sa majesté. Bienvenu dans la chasse à l’homme, c’est un super pied ! Finalement, la fin de la guerre froide a du bon.