Doug Liman m'avait franchement agréablement surpris avec Edge of Tomorrow, de quoi susciter l'envie de se pencher plus assidûment sur La Mémoire dans la peau, premier volet d'une franchise à succès uniquement visionnée de façon décousue. Le challenge de base était en tout cas de se tailler une place aux côtés des ténors du genre de l'espionnage, James Bond et autres Missions Impossibles en vrac, et l'on peut dire que le film y sera plus ou moins parvenu, notamment au regard de la saga qu'il aura initié ; en ce qui le concerne, Doug Liman signait là un divertissement fort plaisant, certes pas parfait mais clairement efficace, porté par un Matt Damon convaincant. Sa prestation n'en est d'ailleurs que plus marquante dans la mesure où je ne le porte pas spécialement dans mon cœur, celui-ci incarnant avec une étonnante justesse l'amnésique Jason Bourne, figure énigmatique pour le moins attachante distribuant des manchettes dévastatrices ; dans une même optique, le casting s'avère bien sympathique, à l'image d'une Franka Potente échappant notamment au piège de l'héroïne un poil trop stéréotypée, ou encore du charismatique Chris Cooper. Pour ce qui est du cœur du sujet même, La Mémoire dans la peau constitue un thriller des plus honorables, les dessous d'un programme secret et autres agissements douteux de la CIA servant de base à une intrigue plutôt prenante et bien menée, la quête de souvenirs de Bourne formant une bonne trame en l'espèce ; toutefois, en sa qualité de premier opus, l'univers introduit ici apparait au bout du compte comme limité, et son développement/exploration se devra d'être à l'ordre du jour dans la ou les suites promises. Enfin, La Mémoire dans la peau bénéficie d'une BO très réussie dans la mesure où celle-ci concourt à l'identité de la franchise, tandis que sur le plan purement visuel l'ensemble est pour le moins efficient : couplé à un bon rythme, les quelques scènes d'actions sont ainsi savamment musclées et mises en scène, tandis que l'on note un réalisme ambiant évitant de trop grosses maladresses, bien que le grandiloquent pointe parfois le bout de son nez (défenestration presque ridicule et descente d'escalier quelque peu too much). Bref, La Mémoire dans la peau est un divertissement valant le détour, et l'on gage que la Mort apportera avec elle une intrigue et un univers encore plus captivant.