Au fond, on comprend plutôt bien pourquoi la saga James Bond a repris subitement en 2006, entre le deuxième et le troisième épisode de la trilogie Jason Bourne, avec un nouvel acteur et un ton moderne et plus réaliste sans une multitude de gadgets à gogo, car il avait trouvé un sérieux concurrent dans le monde des agents secrets en la personne de Matt Damon alias Jason Bourne, alias le héros de La Mémoire Dans La Peau qui précédera deux suites, La Mort Dans La Peau et La Vengeance Dans La Peau (qui ont obtenu encore plus de succès et de bonnes critiques que ce premier opus) et bientôt un quatrième film qui semble pouvoir se mettre en dehors de la trilogie initiale, un héros qui pourtant s'éloigne considérablement de James Bond de par son état de départ ; en effet, si tout ce que j'ai dit là sur un rapport entre la trilogie Jason Bourne et le relancement (réussi) de James Bond avec Daniel Craig quelques années plus tard n'est qu'odieuses spéculations venant de ma personne, on ne peut pas dire que La Mémoire Dans La Peau n'a pas été un grand vent d'air frais dans le film d'espionnage, Matt Damon ne campant pas ici l'habituel gars viril aux bons services de sa majesté mais un personnage que les scénaristes ont eu la très bonne idée de rendre amnésique, au début du film chavirant seul en pleine mer et retrouvé par des pêcheurs... Et c'est à partir de ce moment qu'on se rend compte que La Mémoire Dans La Peau est un très bon thriller d'action en partie pour son scénario, qui sait ménager l'attente du spectateur et arrive à véritablement l'entraîner dans l'histoire : on le remarque notamment dans la mise en place des scènes d'action, qui nous fait découvrir aussi une des grandes qualités du film, qui est bien entendu les chorégraphies des scènes d'action, le film ayant presque été considéré comme une véritable avancée dans la manière de filmer celle-ci ; la caméra est en effet très énergique, et même dix ans plus tard où le spectateur est (trop ?) habitué à des caméras atteint de la maladie de Parkinson, les scènes d'action sont tout aussi bougeante, toniques, rythmées et pourtant très ergonomiques (une direction de caméra encore plus exploitée dans les deux autres volets sous l'aile de Paul Greengrass). Et si ce côté action est finalement une des rares choses qui lie Jason Bourne à James Bond à part le genre particulier auquel ils appartiennent, ce n'est pas le protagoniste incarné par Matt Damon qui va les rapprocher ; loin de la virilité qui accompagne un pourcentage de 101 % des aventures de l'espion au nom si connu, Matt Damon utilise une autre sorte de charisme : de même, il n'est pas envoyé ici dans une mission avec tous les gadgets possibles, mais il découvre le scénario en même temps que nous et cherche plutôt à se débarrasser de son rôle d'agent secret que plutôt d'obéir à ceux qui ont fait de lui ce qu'il est au début du film, c'est-à-dire un amnésique qui se découvre étonnamment fort en combat, ce qui va beaucoup lui servir puisque beaucoup de gens souhaitent apperamment le tuer ; on a donc un Matt Damon toujours en forme et qui prouvait décidément à chacun de ses films qu'il pouvait étendre considérablement les genres dans lesquels il évolue, avec toujours une présence agréable et une interprétation réussie ; et tiens, pour finir la comparaison avec James Bond, on a aussi droit à une petite amourette entre Jason Bourne et une certaine Marie, qui se retrouve un peu contre son gré dans la course-poursuite ; le tandem marche en général plutôt bien, et cette Jason Bourne-girl (ouais... Non, je devrais vraiment arrêter de comparer ça à James Bond, ça n'a en fait pas grand-chose à voir) quelques fois un peu stéréotypées, reste bien interprétée et pas désagréable pour un sou. Au final, si toute la comparaison que j'aurais pu faire avec la saga James Bond vient non seulement de spéculations diaboliques mais est en plus plutôt déplacée, elle permet tout de même de comprendre à quel point La Mémoire Dans La Peau est un bon concurrent de cet autre agent secret en même temps par la qualité et par justement sa différence avec celui-ci, bref, la qualité fait la différence, et la différence fait aussi la qualité... Conclusion : Un très bon thriller d'action et d'espionnage, qui arrive à divertir à chaque minute avec son scénario, sa mise en scène rythmée et ses scènes d'action énergiques et brutales. Un bonne petite pioche.