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Un visiteur
2,5
Publiée le 17 décembre 2007
Le "Toscanini" du IIIe Reich n'aurait pas dû orchestrer l'anniversaire du Führer ! Avec ce huis clos suffocant évoluant dans l'Allemagne d'après-guerre, Istvan Szabo s'offre un casting international. En pleine dénazification, le major américain Steve Arnold (Harvey Keitel, parfait comme à son habitude) doit faire toute la lumière sur l'implication idéologique du chef d'orchestre Wilhelm Furtwängler (l'acteur suédois Stellan Skarsgard, l'inoubliable paralytique dans "Breaking the waves" de Lars von Trier), sorte de Faust qui aurait vendu son âme au régime nazi ?! Par une mise en scène minimaliste et théâtrale (avec des décors par moments trop voyants) qui privilégie le jeu des comédiens, Szabo (comme pour "Mephisto") prolonge son questionnement sur la place de l'artiste dans la tourmente de l'histoire. Intelligemment, il fait appel au sens critique du spectateur en dépit d'une prise de position manifeste qui se réfère au titre "Taking sides" (prenant parti). Une oeuvre intelligente sur les affres d'une période révolue qui considère le public à sa juste valeur.
Ce film de Istvan Szabo est le seul à vraiment traiter des réelles difficultés qu’il y a eu à trier le bon grain de l’ivraie dans les procès anti-nazi intentés en Allemagne et ailleurs après la guerre. Quel jugement porter sur tous ceux qui, comme ce chef d’orchestre, étaient socialement haut placés dans l’Allemagne hitlérienne ? Ont-ils accepté les honneurs par instinct de survie, de peur, s’ils les refusaient, d’être exécutés par la dictature, comme plusieurs l’ont d’ailleurs été ? Ont-ils été lâches, en préférant les avantages et la tranquillité, au risque de tout perdre s’ils critiquaient le régime ? Avaient-ils les moyens de savoir exactement l’ampleur et la nature des crimes du régime ? Etaient-ils poussés par une sincère et volontaire adhésion à la pensée nazi ? Dans l'effort pour tenter de répondre à ces questions, Szabo parvient aussi très adroitement à rendre le manichéisme exacerbé du regard porté par les alliés et surtout par les autorités américaines sur le peuple allemand en général. Pour conclure, le réalisateur hongrois, nous incite à nous questionner sur la nature et l’objectivité mêmes des autorités américaines et européennes dans leur traque anti-nazi. Sachant que plusieurs figures de proue de l’Allemagne Hitlérienne, membres du parti nazi dès les premiers moments, comme Von Karajan, par exemple, ont pu poursuivre une carrière sereine, voire prestigieuse, sans être le moindre du monde inquiétés juridiquement, on se demande pourquoi on s’est autant acharné sur certains, comme Furtwängler, dont ni l’implication dans les activités du régime nazi, ni la sympathie pour Hitler ou ses acolytes n’était prouvée, bien au contraire. Tant pour la profondeur du sujet, la qualité de son traitement, que pour la brillante prestation des comédiens, Taking Sides est un must.