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Henrico
167 abonnés
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5,0
Publiée le 14 septembre 2020
Ce film de Istvan Szabo est le seul à vraiment traiter des réelles difficultés qu’il y a eu à trier le bon grain de l’ivraie dans les procès anti-nazi intentés en Allemagne et ailleurs après la guerre. Quel jugement porter sur tous ceux qui, comme ce chef d’orchestre, étaient socialement haut placés dans l’Allemagne hitlérienne ? Ont-ils accepté les honneurs par instinct de survie, de peur, s’ils les refusaient, d’être exécutés par la dictature, comme plusieurs l’ont d’ailleurs été ? Ont-ils été lâches, en préférant les avantages et la tranquillité, au risque de tout perdre s’ils critiquaient le régime ? Avaient-ils les moyens de savoir exactement l’ampleur et la nature des crimes du régime ? Etaient-ils poussés par une sincère et volontaire adhésion à la pensée nazi ? Dans l'effort pour tenter de répondre à ces questions, Szabo parvient aussi très adroitement à rendre le manichéisme exacerbé du regard porté par les alliés et surtout par les autorités américaines sur le peuple allemand en général. Pour conclure, le réalisateur hongrois, nous incite à nous questionner sur la nature et l’objectivité mêmes des autorités américaines et européennes dans leur traque anti-nazi. Sachant que plusieurs figures de proue de l’Allemagne Hitlérienne, membres du parti nazi dès les premiers moments, comme Von Karajan, par exemple, ont pu poursuivre une carrière sereine, voire prestigieuse, sans être le moindre du monde inquiétés juridiquement, on se demande pourquoi on s’est autant acharné sur certains, comme Furtwängler, dont ni l’implication dans les activités du régime nazi, ni la sympathie pour Hitler ou ses acolytes n’était prouvée, bien au contraire. Tant pour la profondeur du sujet, la qualité de son traitement, que pour la brillante prestation des comédiens, Taking Sides est un must.
La dénazification un sujet finalement rarement abordé au cinéma en dehors du procès emblématique du Nuremberg. Au travers de la mise en examen du plus grand chef d'orchestre allemand le réalisateur s' attaque à une partition difficile où se dessine peu à peu l'ambiguïté d'un grand personnage. Le film évoque aussi l'arbitraire du processus de dénazification. Un film intéressant qui pose plus de questions qu'il n'en résout mais qui permet à Harvey Keitel d'assurer une énorme prestation.
Le "Toscanini" du IIIe Reich n'aurait pas dû orchestrer l'anniversaire du Führer ! Avec ce huis clos suffocant évoluant dans l'Allemagne d'après-guerre, Istvan Szabo s'offre un casting international. En pleine dénazification, le major américain Steve Arnold (Harvey Keitel, parfait comme à son habitude) doit faire toute la lumière sur l'implication idéologique du chef d'orchestre Wilhelm Furtwängler (l'acteur suédois Stellan Skarsgard, l'inoubliable paralytique dans "Breaking the waves" de Lars von Trier), sorte de Faust qui aurait vendu son âme au régime nazi ?! Par une mise en scène minimaliste et théâtrale (avec des décors par moments trop voyants) qui privilégie le jeu des comédiens, Szabo (comme pour "Mephisto") prolonge son questionnement sur la place de l'artiste dans la tourmente de l'histoire. Intelligemment, il fait appel au sens critique du spectateur en dépit d'une prise de position manifeste qui se réfère au titre "Taking sides" (prenant parti). Une oeuvre intelligente sur les affres d'une période révolue qui considère le public à sa juste valeur.
Il y a deux façon d'aborder ce film, la première qui est paradoxalement la plus intéressante est celle d'une brillante confrontation d'acteurs. Si Keitel est brillant comme d'habitude même s'il se complet à cabotiner, que dire la prestation émouvante, habitée de l'acteur suédois Stellan Skarsgård, impérial dans le rôle de Furtwängler. Quant au lieutenant il m'a paru bien fade. La seconde pose une foultitude de questions de fonds, mais toutes tournent autour de savoir si spoiler: Furtwängler en refusant de quitter l'Allemagne ne devenait pas, même à son corps défendant le complice passif du régime nazi. Question à laquelle il serait vain de répondre, c'est si facile de se mettre à la place des autres hors contexte (et c'est bien pour cela que je me suis toujours interrogés sur l'utilité des films à message). Ce qui est aussi évoqué c'est laspoiler: brutalité de l'interrogatoire à charge que mène Keitel à ce point que la secrétaire ira le comparer aux enquêteurs de la Gestapo. Et pour la petite histoire, mais le film ne le dit pas, si Furtwängler n'a jamais eu sa carte au parti nazi, Karajan, lui l'avait mais n'a jamais été vraiment inquiété !
Quel dommage de voir un sujet aussi fort donner en définitive un film aussi peu captivant. En effet, il y avait de quoi être séduit par le « duel » ayant opposé le grand chef d'orchestre Wilhelm Furtwangler et le major Steve Arnold, inculte notoire. Hélas, cette adaptation d'une pièce tirée de faits on ne peut plus réels ne séduit pas. Le rythme est incroyablement mou, il ne se passe pas grand-chose et la montée en puissance, le malaise espéré n'interviennent que très rarement. Istvan Szabo a néanmoins quelques mérites : celui de diriger Harvey Keitel et Stellan Skarsgard remarquablement, de ne pas prendre prendre parti trop facilement, et de mettre bien en évidence la difficulté d'accuser de « collaborateur » certaines personnes durant la Seconde Guerre Mondiale. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si le dernier tiers, qui traite beaucoup de cette dernière question, est de loin le plus intéressant de l'oeuvre. Imparfait donc, légèrement ennuyeux et décevant ce « Taking Sides », mais pas infréquentable pour autant. A vous de juger...
Une plus qu’excellente adaptation de la confrontation du grand chef d’orchestre allemand, Wilhelm Furtwängler, à un procès en dénazification, à la fin de la Seconde guerre mondiale. Harvey Keitel crève totalement l’écran en procureur implacable. Un film qui fait réfléchir sur l’implication personnelle, ou non, avec le totalitarisme et ses dérives, dans son propre pays.
Film qui n'est pas sans rappeler "Garde à vue" par la forme et "Jugement à Nuremberg" par le fond, "Taking sides" offre plusieurs bons sujets de réflexions. Le scénario ne se contente pas d'une simple condamnation du chef-d'orchestre, porte étendard volontaire ou non du régime nazi, mais enrichit son propos par d'autres thèmes tout aussi passionnants. On peut s'interroger sur les certitudes morales de l'officier américain chargé de l'interroger, sur ses méthodes, on est écoeuré par le personnage du second violon, ex-membre du partie nazi qui n'hésite pas à donner des informations pour s'en tirer à bon compte. Donc sous une forme assez simple et classique, nous avons un film aux thématiques assez complexes. Evidemment la réalisation de Szabo est de bonne facture (bien que certains décors fassent très artificiels) et l'interprétation est remarquable.
Rien à redire sur la prestation des acteurs, elle est superbe. La photographie est moyenne, le scénario tiré d'un fait réel. Beaucoup de question et très peu de réponses car il aurait fallu le vivre, et qu'aurions nous fait ? Voilà la question essentielle du film. Sans y apporter de solution, ce film laisse le questionnement à chacun. 4/5 A découvrir !!!
Film intéressant sur le thème de la denazification dans l’Allemagne d’après guerre, qui traite de l’interrogatoire d’un grand chef d’orchestre qui dirigea plusieurs concerts, sous la dictature hitlerienne, en présence des principaux dignitaires nazis. Cela pose la question de savoir quelle etait la responsabilité reelle de personnes qui se sont accommodés du régime nazi, tout en ne participant elles mêmes a aucun acte vraiment répréhensible, et nous amène a nous demander ce que nous aurions fait nous même… L’interprétation est de qualité et malgré le côté un peu austère de la mise en scène, ce n’est jamais ennuyant.
Un excellent film très bien interprété. Bonne mise en scène, scénario astucieux, réalisation soignée.L'épisode du quintette pour 2 violoncelles de Schubert joué dans une salle en ruine m'a arraché des lames. Le film aborde le thème de l'art, de la politique, de l’éventuelle compromission des artistes. Jusqu'où peuton exercer son art dans un pays dirigé par des personnalités notoirement indignes? Pablo Casals, Picasso, fuient le franquisme. Stravinski le Stalinisme.Bartók le communisme. Mais Prokofiev lui retourne en URSS malgré un contrat en or d'Hollywood. Toscanini quitte l'Italie de Mussolini mais pour un juteux contrat à la N.B.C .Furtwängler lui, reste en Allemagne et pousse le bouchon jusqu'à devenir le quasi maestro du régime. Jalousie vis à vis d'un jeune prodige nommé Karajan? Volonté de préserver sa carrière? Il convient de noter que les accusations américaines d'antisémitisme et/ou de racisme ne manquent pas de sel sachant qu'en 1945 subsistaient encore des lois raciales aux E.U.. On notera aussi avec amusement le nom de l'acteur allemand interprétant l'officier instructeur à charge américain qui est le même que le général-maréchal en chef du régime de Hitler. Tous les Allemands ne peuvent disposer d'un patronyme original. Heiner Goebbels par exemple est un excellent metteur en scène d'opéra.
Porté par le solide duo Keitel/Skarsgard, un face à face austère mais éprouvant et impartial, qui parvient à nous captiver en interrogeant sur la nature humaine et la responsabilité de l’artiste allemand face au nazisme. 3,25