La première chose à dire sur « Red Rocket », c’est que j’ai beau chercher, je ne vois pas du tout le pourquoi du comment du titre. Quant à l’affiche, je préfère ne pas en parler tellement elle est improbable. Pour faire court, ni le titre ni l’affiche ne donne la moindre idée de qu’est réellement le film de Sean Baker. La réalisation est un peu étrange, la musique est sous-exploitée (ce qui n’est pas un problème en soi mais c’est inhabituel), certaines scènes sans intérêts dure beaucoup trop longtemps, d’autres sont tellement bavardes que ça en devient pénible. Et puis le cadrage est un peu étrange, Baker use beaucoup de la technique consistant à positionner sa camera trop bas et filmer le vers la haut, c’est déroutant. J’imagine que cela doit avoir un intérêt, pour un film en compétition à Cannes c’est surement une démarche volontaire de filmer ainsi, même si personnellement cela m’échappe. Mais le problème numéro 1 du film de Sean Baker c’est qu’il parait interminable. Il dure 2h10 et franchement, on lui aurait enlevé 20 minutes qu’il serait déjà trop long ! 2h10 à suivre les aventures totalement pathétiques d’un type qui, malgré son physique avantageux et ses efforts, ne nous sera jamais sympathique. Simon Rex a beau faire tout ce qu’il faut dans son travail d’acteur, il ne parvient pas à camper un Mikey Saber autre chose que minable : viriliste, inconséquent, lâche, profiteur et pour tout dire, toxique, ce type est à fuir absolument, surtout quand on est une femme. Beau parleur et sur de ses prouesses viriles, il se sert des femmes dans tous les domaines, sans jamais avoir réellement de scrupules. Aux côtés de Simon Rex, on a toute une pléiade de comédiens peu connus comme Bree Elrod, Ethan Darbonne ou Suzanna Son. Je ne trouve rien à redire sur leur performance, mais ils ne sont pas aidés par un scénario qui visiblement tourne à vide après 20 minutes. La réalisation étrange et le peu d’empathie qu’on éprouve pour le personnage principal ne serait pas problématiques si on avait sous la main un vrai scénario qui va quelque part et qui nous tienne en haleine.
Voilà un type qui a passé 15 ans à Los Angeles à se perdre dans le monde impitoyable du porno et qui après avoir tout gagné, à tout perdu. On pourrait éventuellement creuser la dedans : une industrie sans scrupules ni complexe qui broie ses acteurs et surtout ses actrices ? Non, il n’en sera pas réellement question. Voilà un type qui revient dans son Texas natal et qui n’arrive pas à trouver du travail dans une petite ville sinistrée, entourée de raffineries. On pourrait creuser la dedans, dépeindre une Amérique en perdition, des texans jeunes et moins jeunes laissés pour comptes, sans assurance santé, sans autre perspectives que de travailler dans le pétrole ou dealer du shit. Non, il n’en sera pas réellement question non plus. Puisqu’on est en 2016, au moment des Conventions Démocrates et Républicaines, que l’on voit sans arrêt des images de Trump sur des TV perpétuellement allumées, des panneaux «Make America Great Again » fleurir, on pourrait creuser un peu la dedans, montrer qu’elle est là, sous nos yeux, cette Amérique que l’on le comprend plus, prête à voter comme un seul homme pour un type qui aggravera encore un peu plus sa situation. Mais non, là non plus, on se contente d’en faire une vague toile de fond. On préfère montrer un quadragénaire toxique baratiner une gamine de 17 ans dans l’espoir de l’emmener faire du porno à Los Angeles et du coup, se refaire la cerise sur son dos !
Si vous ajoutez à cela un certain nombre de personnage à la limite de la caricature (celui de June notamment, même dans « The Wire » on en voyait pas des comme çà !), on se dit qu’on est en train de perdre deux (très) longues heures devant un film dont on ne comprend décidément pas l’intérêt. Si encore c’était un peu drôle par moment, mais même pas… On peut se dispenser de « Red Rocket », en tous cas, moi c’est clair, j’aurais été mieux inspirée d’aller voir autre chose.