Après avoir apprécié « The Florida Project » contraste entre pauvreté et Disneyland aux couleurs acidulées, « Red Rocket ». Encore une Amérique de déclassés vivotant au milieu de raffineries de pétrole. Ici pas vraiment de contraste, les couleurs sont tristes, le son des raffineries est là, en sourdine, omniprésent à la fois lointain et proche.
Encore une fois, Baker nous peint un tableau peu reluisant d’une Amérique délaissée, livrée à elle-même, faite de combines, forcée à survivre, à paresser dans l’alcool, la drogue et l’ennui.
Après la Floride, le Texas.
Sean Baker emprunte le ton de la comédie amère voire glauque avec le personnage Mikey Saber (Simon Rex), ex-star de porno qui se réfugie pour un temps chez son ex-femme qui vit avec sa mère dans une bicoque indépendante.
L’arrivée de Mikey Saber va donner quelques couleurs, quelque énergie et au film et à son entourage. Ça dispute, ça discute, ça séduit, ça manipule, ça combine, ça menace.
Aussi étrange que cela puisse paraître, aussi troublant que cela puisse vous paraître, je n’ai pas le même regard aussi catégorique sur Mikey Saber.
J’avoue être embarrassé sur le comportement de Mikey.
Certes, il est loin d’être bienveillant, mais sa relation que l’on peut juger manipulatrice voire prédatrice ne me semble pas si saisissante que ça dans la mesure où la demoiselle Strawberry (Suzanna Son ) est consentante. C’est elle qui engage les premiers gestes. Qu’elle finisse par croire aux rêves enchantés de Mikey est une chose, mais ce n’est pas mademoiselle Cécile de Volanges des « Liaisons Dangereuses » comme Mikey n’est pas Valmont !
Il est vrai qu'il se fait un pari de la séduire...
Sans doute me suis-je fait manipuler dans toutes les grandes largeurs !
En tout cas, je salue les bonnes prestations de tous les acteurs.
A voir en V.O si possible.