Critique à prendre avec des pincettes tant les conditions de visionnage n'étaient pas optimales : problème de son probablement dû à la télé éclipsant régulièrement les dialogues, chaleur étouffante, fatigue... Je ne m'interdis vraiment pas de le revoir d'ici quelques années. Reste que devant ce projet qui, pour moi, avait quasiment tout du rêve de cinéphile, la déception a été réelle. On sent que Bertrand Tavernier s'est passionné pour ce récit, probablement le plus personnel qu'il ait jamais tourné. Son amour pour le septième art transpire quasiment à chaque plan, la reconstitution historique de la Seconde Guerre mondiale ayant fière allure, notamment à travers des décors et une ambiance d'époque excellemment retranscrits. Dans le rôle de Jean Devaivre (joli choix que d'avoir choisi ce (futur) réalisateur pour incarner les tourments et les contradictions de cette période si douloureuse), Jacques Gamblin excelle, bien entouré par une galerie de seconds rôles séduisants (on aurait toutefois aimé voir certains un peu plus qu'une poignée de secondes), dont une Marie Gillain extrêmement séduisante. Intéressant, donc, de voir le cinéma placé dans ce cadre plein de turpitudes, avec ce qu'il faut d'enjeux humains et artistiques pour éviter un quelconque manichéisme
(le mystérieux Alfred Greven est notamment largement épargné)
. Mais bon... « Laissez-passer » souffre malheureusement des mêmes maux que les derniers films historiques de Tavernier : manque de souffle, d'émotion, de ferveur, à quelques rares exceptions. Ces quasi 170 minutes auraient pu se justifier si celles-ci avaient une densité, une histoire prenante de bout en bout : nous en sommes loin, certains passages paraissant bien dispensables et/ou longuets, ralentissant inutilement une intrigue déjà inconstante. Ça me fait mal de l'écrire, mais je me suis régulièrement ennuyé (notamment dans la seconde moitié), l'Histoire prenant un peu trop souvent le pas sur le cinéma, alors que j'aurais préféré (dans une certaine mesure) le contraire, si ce n'est lors des quelques scènes où nous sommes au cœur du tournage, notamment celui du formidable « La Main du diable ». Bref, voilà une œuvre qui avait tout pour me conquérir et me laissant finalement un goût assez amer, loin du passionnant « Voyage à travers le cinéma français » auquel nous a conviés le cinéaste une quinzaine d'années plus tard, pour le grand écran puis la télévision.