L’Adversaire est un thriller adapté du roman éponyme de Emmanuel Carèrre et d’un effroyable fait divers ayant eu lieu en 1993. Nicole Garcia choisit de donner une autre identité à ces personnages, tout en restant fidèle aux évènements de l’affaire Jean-Claude Romand. Cette adaptation est une réussite. Le rythme constant du film crée une atmosphère propre à l’œuvre, sans cesse oppressante et pesante. Le suspense, bien qu’assez souligné durant tout le long du film, reste malgré tout intact, et doit beaucoup la mise en scène de Nicole Garcia. La froideur du jeu des acteurs semble volontaire, qui créent cette atmosphère si particulière au film. Ce jeu s’associe parfaitement bien au côté visuel du film, qui semble évoluer presque uniquement en temps hivernal, insistant sur une certaine esthétique tournant autour d’une matière qui joue ici un grand rôle, la neige. Cette neige se retrouve dans le comportement du personnage. Au début du film, la neige n’est que peu présente, il n’y a que des décors et paysages grisâtres. Au fur et à mesure que l’intrigue se dévoile, la neige apparaît elle aussi de plus en plus, et le personnage principal semble désormais englué dans ce froid. Pas visuellement, mais mentalement. Ce rapprochement de l’émotion humaine avec la nature est décrit de fort belle façon, même si le film n’inspire pas le bonheur. En soi, le film n’est pas impressionnant, mais c’est dans son traitement de l’intrigue principale que l’œuvre puise toute sa force. Nicole Garcia réussit à faire un film et tenir le spectateur en place avec une histoire qui ne possède pas un potentiel cinématographique particulièrement riche. Le metteur en scène fait avec ce qu’il peut et donne au film un charme tout particulier, comptant bien sur la performance des comédiens, qui trouvent ici le ton juste. Et même si les rebondissements sont connus d’avance, ils font leur effet, et le film remplit entièrement son contrat de thriller, doté d’une intrigue solide et d’un suspense qui reste entier. Hormis dans le cadre de la famille Faure, on regrettera le peu d’émotion qui plane sur l’entourage de la famille, ce qui n’empêche pas aux seconds rôles de briller sans arrêt. Tout tourne autour d’un seul homme et cela se sent, et cela crée une force particulière à cette adaptation. L’Adversaire est donc un très bon film, personnel et étonnant, porté par une bande son qui s’adapte parfaitement au style de l’œuvre, et qui fait croire au spectateur qu’il existe un certain lyrisme dans cette sombre histoire. Un beau film qui peut aussi nous faire réfléchir sur notre rôle et notre place dans la société.