La Femme de Jacob est un petit film très sympa qui explore un mythe bien connu du cinéma, mais pour entretenir le suspense, je n’en parlerai pas directement dans cette chronique, car le film en effet maintient le suspense assez longtemps sur ses réelles intentions. Il faut le dire, le métrage repose énormément sur l’interprétation de ses acteurs, avec son excellent duo : Crampton-Fessenden. Quel plaisir de voir Crampton dans un film récent, et de la voir toujours si rayonnante à 62 ans dans le film ! Elle s’amuse toujours autant dans le cinéma de genre, elle rayonne et elle est toujours autant à son aise dans ce registre horrifique qui a fait sa gloire. Elle hérite d’ailleurs ici d’un rôle plus fouillé que de coutume qui lui permet également d’aborder une tonalité plus réaliste avec son personnage. A ses côtés Larry Fessenden est excellent dans le rôle du pasteur, il forme un couple des plus crédibles avec Crampton. A noter aussi la très belle prestation de Bonnie Aarons dans le rôle du Maître. Elle met son physique atypique au service d’un personnage de méchant vraiment réussi et parfaitement écrit dans la tradition du genre.
Le scénario part sur le registre du film social, de mœurs, explorant d’abord les déboires d’une femme au foyer, épouse de pasteur, qui a vieilli en oubliant ses rêves de jeunesse. Ce drame du couple vire au film horrifique, mais le métrage conserve également tout du long une vraie touche humoristique. Sa force c’est de ne jamais céder à la comédie facile, ni à l’horreur gratuite, et de ne jamais oublier aussi son ancrage réaliste de départ. Le mélange est parfois un peu bancal et pourra déconcerter. Perso j’ai trouvé l’approche originale d’un mythe moult fois rebattu. La tonalité est sympa, le film arrive relativement bien à doser ses tons en général, et même si le rythme est un peu lent dans la première partie, l’entrain des acteurs arrive généralement à faire passer l’affaire.
Visuellement on sent le manque évident de budget, mais le réalisateur a l’intelligence de le savoir. Du coup, il joue clairement la nostalgie pour le public fan de Crampton. Lorsqu’il y a du sang, c’est une effusion grand-guignolesque plutôt rigolote, la créature s’inscrit dans la plus pure tradition du genre, Crampton est gentiment sexualisée et s’affiche volontiers sein nu à son âge (et ça passe encore super bien à l’écran !), clin d’œil à une grande partie de sa carrière… Le film se veut clairement rétro dans son atmosphère, son ambiance (choix d’une petite ville loin des ordi, téléphones…, vieille voiture…), et ça marche. La nostalgie est là, l’atmosphère fonctionne, et l’on passe sur la faiblesse des décors, la réalisation parfois un peu terne, car le film fait de vrais choix artistiques. A noter aussi une bande son plutôt très sympathique, qui apporte souvent du punch au métrage.
En conclusion, La Femme de Jacob est un film de série B divertissant et sincèrement méritant. Pas parfait techniquement, fauché, le film se veut généreux, divertissant, il ne se moque pas de son spectateur. Utilisant habilement une Barbara Crampton comme souvent excellente et de manière générale un solide casting, le réalisateur nous plonge dans un hommage aux vieux films d’horreur qui fonctionne à l’aise. 3.5