Trois femmes, trois destins
Après Santosh et Girls will be girls, voici le 3ème film indien en moins de 3 mois. Cette fois, c’est Payal Kapadia qui écrit et réalise sa 1ère fiction. Décidément les femmes cinéastes sont à l’honneur au pays de l’autocratie patriarcale de Narendra Modri… et ça fait du bien. Sans nouvelles de son mari depuis des années, Prabha, infirmière à Mumbai, s'interdit toute vie sentimentale. De son côté, Anu, sa jeune colocataire, fréquente en cachette un jeune homme qu’elle n’a pas le droit d’aimer. Lors d'un séjour dans un village côtier, ces deux femmes empêchées dans leurs désirs entrevoient enfin la promesse d'une liberté nouvelle. Cela faisait 30 ans qu’aucun film indien n’avait été en compétition à Cannes. Ces superbes 118 minutes y ont obtenu le Grand Prix. Un des films les plus doux que j’ai vu depuis très longtemps.
Derrière ce titre - Tout ce que nous imaginons être de la lumière – se cachent trois quêtes, trois chemins du bonheur, qui vont se croiser définitivement, après les rues de la mégalopole de Mumbaï, sur les bords de mer, dans un paisible village du littoral de Ratnagiri. Le symbole est parfait, le scénario nous menant des tourments d’une ville de 22 millions d’habitants, au calme d’une petite cité sur les bords de la Mer d’Arabie. Le choc – car s’en est un -, des deux mondes, des deux modes de vie est palpable et fait basculer ce drame dans une autre dimension et créer ainsi une boucle parfaite qui sonde la capacité des êtres à sécher leurs larmes et à panser leurs plaies. Tout cela est d’une délicatesse à nulle autre pareille, assumant un féminisme qui sait éviter d’être démonstratif. Trois portraits sensuels et bouleversants de femmes solidaires dans l’adversité. A voir absolument.
Kani Kusruti, Divya Prabha et Chhaya Kadam sont 3 actrices habituées aux conditions de tournage difficiles du cinéma indépendant en Inde. Elles sont admirables toutes les 3 et trouvent en Hridhu Haroon ou Azees Nedumangad de très bons partenaires. Mais la star, ici, c’est bien le scénario qui tisse un film exotique sans nous vendre, pour autant, toute la pacotille touristico-pittoresque habituelle. Laisser vous guider par la lumière promise dans le titre du film.