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    Revoir Paris
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Revoir Paris" et de son tournage !

    Signification du titre

    Le titre du film appuie l'idée de regarder Paris autrement. Après l’attentat, le personnage de Mia est dans les limbes, étrangère à elle-même et à la ville. Alice Winocour explique : "Elle commence à faire le point sur sa vie avec le sentiment diffus qu’elle doit la reconfigurer, que quelque chose doit changer. Il y a aussi le sens plus direct : Mia revoit Paris après le trou noir de l’attentat. Elle va « revoir Paris » pour entamer, presque à son insu, un chemin de résilience."

    Le frère de la cinéaste témoin

    Revoir Paris est une fiction, mais fait indéniablement penser aux attentats de 2015 : ceux de Charlie Hebdo mais surtout du Bataclan. La réalisatrice Alice Winocour confie : "Mon frère était au Bataclan, le 13 novembre. Pendant qu’il était caché, je suis restée en lien sms avec lui une partie de la nuit."

    "Le film s’est construit à partir des souvenirs de cet événement traumatique, puis à partir du récit de mon frère dans les jours suivant l’attaque. J’ai expérimenté sur moi-même comment la mémoire déconstruisait, et bien souvent reconstruisait les évènements."

    Association de survivants

    Alice Winocour s'est rendue sur les forums des victimes regroupées par secteurs. Voir que des centaines de personnes se cherchaient, essayaient de se retrouver et de retrouver des objets perdus dans les attentats a été une expérience impressionnante pour la réalisatrice. Elle précise :

    "Toutes étaient en quête d’informations sur les personnes avec qui elles étaient, avec qui elles avaient échangé ne serait-ce qu’un regard, qui leur avait parlé, parfois juste quelques mots de soutien…"

    "J’ai rencontré une communauté forte de personnes qui essayaient de se reconstruire ensemble en revenant parfois sur les lieux. J’ai été très touchée par l’idée qu’on ne peut pas se reconstruire seul."

    Se documenter

    Lors de sa phase de documentation, Alice Winocour a rencontré des psychiatres qui lui ont parlé de la notion de diamant au cœur du trauma. Il s'agit de choses positives qui surviennent autour d’un événement traumatique (des liens forts qui se nouent et qui ne se seraient pas noués sans l’événement). Elle se souvient :

    "Ils m’ont aussi parlé du phénomène du flashback, et du trouble de « la mémoire récurrente involontaire », qui est très différent du souvenir et du classique flashback au cinéma. Ici il s’agit de la reviviscence d’une expérience passée traumatique, qui fait surgir de manière soudaine et involontaire des images mentales qui envahissent la conscience, comme un éblouissement, une sorte d’effraction psychique."

    Point de vue des victimes

    Le film s'intéresse aux conséquences des attentats pour les victimes et pas du tout aux terroristes et leurs motivations. Alice Winocour note : "Ce n’est pas tant l’attentat lui-même qui m’a intéressé, mais les traces qu’il a laissées chez les victimes. Aucune d’entre elles n’a une vision globale de l’attaque, mais seulement des bribes, des images désordonnées comme les fragments d’un miroir éclaté."

    "De par mon implication personnelle, je me suis concentrée sur les survivants, avec l’idée que Mia enquête dans sa propre mémoire. C’est le champ du film. Ce qui m’a frappée en rencontrant des victimes, c’est que toutes et tous veulent se reconstruire, retrouver le bonheur. Le film devait revêtir ce désir de résilience."

    Le choix des 2 acteurs principaux

    Alice Winocour explique pourquoi elle a choisi Virginie Efira : "J'ai trouvé chez elle ce que j’aimais dans ce personnage de Mia : sa liberté. Elle n’est pas complaisante avec sa souffrance, elle est dans une quête, dans l’ouverture aux autres."

    "Virginie devait jouer des moments de connexion et de déconnexion, ce qui correspond à l’état des personnes post-traumatisées : elles sont dépersonnalisées, leurs corps leur semblent étrangers. Mia est un personnage qui sort des limbes et revient progressivement à la vie."

    Elle poursuit au sujet de Benoît Magimel : "J’aime filmer une fragilité qui se niche derrière une virilité physique, animale, je trouve cela très séduisant. Benoît dégage cette humanité, cette profondeur. Comme Matt Dillon dans Proxima, Vincent Lindon dans Augustine ou Matthias Schoenaert dans Maryland."

    Pendant le procès des attentats

    Le tournage a commencé peu après le début du procès du 13 novembre en automne 2021. Alice Winocour se rappelle : "C’était assez vertigineux. Quand on tournait certaines scènes comme celle des fleurs en hommage aux victimes, les passants étaient émus, à tel point qu’on a dû afficher de grands panneaux « tournage » pour éviter la confusion. Dans ma tête, en faisant le film, la réalité et la fiction se sont beaucoup côtoyées."

    Cannes 2022

    Le film a été montré à la Quinzaine des Réalisateurs au 76ème festival de Cannes. Alice Winocour connaît bien la croisette puisqu'elle y a présenté, entre autres, Augustine et Maryland. Elle a par ailleurs fait partie du jury de la semaine de la critique en 2016.

    Retrouvailles

    Benoît Magimel et Grégoire Colin ont tourné ensemble dans Amants (sans avoir de scènes communes) en 2020 et la série Jalna en 1994.

    Filmer l'attentat

    Alice Winocour a filmé la séquence de l'attentat via un parti pris radical. La réalisatrice voulait que le spectateur aperçoive très peu les terroristes et n'entende (quasiment) que le son des mitraillettes : "J’ai décidé d’adopter le point de vue strict de Mia qui est à plat ventre et ne voit que les pieds des assaillants. C’est tout ce dont elle se souvient clairement. De façon plus générale, comment montrer l’attaque ?"

    "Mon frère me disait qu’un attentat est irreprésentable. Un attentat, c’est la négation de la pensée, c’est impossible à montrer. Il me disait d’aller vers l’onirisme, le fantastique. Même si les souvenirs de Mia ne sont pas cohérents, avec la présence des fantômes, les victimes sont toujours là, dans sa tête."

    Nicole Kidman pressentie !

    Au départ, Alice Winocour a écrit le film pour Nicole Kidman. Mais les choses ne se sont pas faites en raison du Covid. La réalisatrice a confié : "Mais je pense que c'était une étape d'écriture, car cela s'est traduit dans le film par le fait que le personnage de Mia n'est pas étrangère."

    "Dans les premières versions, le personnage venait des Etats-Unis et rentrait à Paris. Mais tout à coup, j'ai pris conscience qu'elle revenait à Paris depuis les limbes. Elle n'est pas étrangère au sens du pays, étrangère à sa ville. Pour moi, elle est étrangère à elle-même."

    Travail sur le regard

    En amont du tournage, Alice Winocour a montré à Virginie Efira des films comme Dead Zone, où Christopher Walken semble le spectateur de sa mémoire.

    1ère fois à Paris

    Alice Winocour tourne pour la première fois dans la capitale française avec Revoir Paris. La cinéaste voulait renvoyer une image vraie de la ville, mais aussi la faire entrer dans la fiction : "J’envisageais quelque chose à la fois de brut et d’hypnotique. Il y a ce plan de Paris en plongée, où les boulevards semblent incandescents, comme des blessures. Paris est aussi un personnage de ce film car la ville a été blessée dans sa chair, on l’a tous ressenti."

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