Vu au ciné "REVOIR PARIS" de Alice Winocour, histoire librement inspirée des attentats qui ont frappé Paris en 2015 (le propre frère de la réalisatrice etait au Bataclan le 13 novembre) mais ici pas de point de vue sur les terroristes ni sur l'enquête (à part une brève mais terrible et glaçante séquence) car tout est centré sur les victimes et leur suivi, c'est à la fois extrêmement documenté et en même temps subtilement intimiste. On suit plus particulièrement l'itinéraire de Mia, une traductrice pour qui, en un instant, la vie va basculer dans une brasserie un soir de pluie...Blessée et ayant tout oublié de ce terrible moment elle va tenter de se souvenir...reconstituer le puzzle de ces instants dramatiques pour tenter de se reconstruire...
Un fonds lourd, un sujet sombre et encore si présent dans notre histoire et notre mémoire pour un film qui réussit à rester à la fois doux et douloureux, profondément humain et surtout au plus près des corps meurtris dans leur chair et dans leur âme, la mise en scène s'attardant avec une belle pudeur et une touchante délicatesse sur les visages, sur les plaies, sur les traumatismes.Un film profond et éprouvant qui parle de reconstruction post-traumatique mais qui ne verse jamais dans le pathos, tout en laissant effleurer naturellement l'émotion. Cette femme qui erre comme un fantôme dans un Paris qu'elle revoit à présent différemment, va à la rencontre de ces gens qu'elle ne connaissait pas et qu'elle a du côtoyé juste dans ces instants d'horreur, à travers aussi cette association qui réunit sur les lieux du drame les survivants et les familles des victimes comme cette fille (bouleversante actrice) qui, pour faire son deuil, veut refaire le dernier trajet, revivre les derniers instants de vie de ses parents. Si tous les rôles sont intéressants et prenants, vibrants, car toujours remplis d'une belle humanité, si Benoît Magimel est une nouvelle fois lumineux dans un rôle certes secondaire mais si important dans le chemin de résilience de Mia, lui redonnant le sourire, c'est Virginie Efira qui porte tout le film sur ses épaules: d'une douloureuse sobriété, d'une sombre mélancolie, la comédienne, sans artifice, est bouleversante de justesse et dégage une magnifique puissance d'émotion, elle trouve ici certainement son rôle le plus intense.On sort du film secoué, ébranlé, un vrai coup au coeur et aux tripes pour ce premier grand film de la rentrée...
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