Etrange objet que ce film en 3 tableaux. Dans le premier, l’héroïne enceinte apprend – et nous aussi, même si l’on n’a rien demandé -, en conversant lors d’une fête avec l’une de ses congénères déjà passée par ces épreuves, le détail des divers procédés d’avortement. Vous n’ignorerez plus rien, après cette séquence, des désagréments de la pilule abortive et du curetage mécanique. On doit supposer l’héroïne bisexuelle car on la voit, au cours de cette fête, échanger de longs baisers langoureux avec l’une de ses amoureuses. Il est probable si elle souhaite, comme elle le prétend, se faire avorter, que la fécondation n’était pas désirée et qu’elle résulte donc d’une copulation traditionnelle avec un donneur sur pattes, d’où la bisexualité supposée de l’impétrante ! Je me demande si Sherlock Holmes, peu porté sur les affaires de sexe, aurait réussi à tirer cette conclusion.
Dans le deuxième tableau, le plus long, la réalisatrice s’attarde sur ce qui a mis le feu aux poudres du premier tableau, à savoir la copulation. La question des genres est ici laissée de côté, la séquence mettant simplement en scène un homme et une femme, tous deux jeunes et beaux. Elle ne sait pas trop pourquoi, nous non plus, mais elle assure être amoureuse folle de lui. Et donc, appâté par la rumeur à propos de ce film, on se dit que l’on va avoir droit à quelques scènes de cul bien senties. D’autant que le premier – gros – plan de ce tableau est un long bouche à bouche langoureux entre les deux protagonistes, avec une sonorisation des échanges buccaux qui finit par nous donner un peu la nausée. Les scènes érotiques sont bien présentes, il y en a deux, mais là quelle déception ! Elles sont très mal filmées, de manière très pudique, en longs plans fixes, sans la moindre sensualité qui transparaît. La réalisatrice nous transforme en simples voyeurs insatisfaits. Elle aurait tout intérêt à prendre des leçons auprès de Kechiche, si elle veut persister à filmer ce genre de scènes. Au cours de ces expériences, l’héroïne se révèle adepte du masochisme, réclamant de son partenaire moult gifles et autres étranglements. Pourquoi pas après tout, à chacun ses plaisirs !
Le troisième tableau, assez court, nous parle aussi d’amour mais là le partenaire a changé. Le jeune homme séduisant est remplacé par un sexagénaire chauve et ventru, vraiment très moche. La jeune femme est elle, toujours la même. Elle trouve le vieux gros très beau. Lui a l’air d’y croire. Nous ne savons si l’histoire d’amour ira à son terme, mais on se dit, en accord avec la réalisatrice, que la plaisanterie a assez duré et qu’il valait mieux couper là.
Un film ni fait, ni à faire . Enfin si, il a été fait. Alors un film qu’on peut ne pas voir...