Un thriller tortueux et hilarant, porté par l'interprétation magistrale de Jim Cummings (des deux côtés de la caméra avec son ami PJ McCabe, donc). La scène d'ouverture nous a retourné comme des crêpes, car, pour une fois, absolument rien ne laisse envisager le
coup de couteau porté en toute décontraction (et sans un bruit !) à l'épouse qui se met à agoniser salement
. Ou comment comprendre que la comédie va être tâchée de sang, ce qu'on adore. La suite fait en effet honneur à cette ouverture, en oscillant toujours entre humour très noir, critique d'Hollywood et des apparats modernes, et enquête pour retrouver l'auteur des lettres anonymes et la demoiselle entraperçue dans l'hôtel. Un programme copieux, très copieux. On a dû le voir deux fois, pour faire attention à certains indices de l'enquête (à la Eyes Wide Shut) qui passent vite, aussi on vous rassure : si vous n'avez pas compris la même fin qu'un autre, c'est normal, The Beta Test vous propose volontairement des zones de flous où vous pouvez laisser libre court à votre imagination :
oui, la demoiselle était bien la dame en rouge dans le café, oui sa femme a elle aussi reçu une lettre d'invitation amoureuse,
sur ces points notre deuxième visionnage fut salvateur. Mais en revanche, là où vous pouvez vous lâcher sur votre interprétation est la toute fin :
on voit en effet que sa femme remplit la lettre, mais rien ne nous dit qu'elle est allée au bout de la rencontre, donc elle peut très bien pardonner son époux pour "de vrai" et non pas car elle aussi y a succombé, ensuite on voit sa main se poser en gros plan sur son ventre, ce qui peut signifier soit qu'elle est enceinte (et cela serait pour cette raison qu'elle lui pardonne ? Riche comme il l'est...) ou bien qu'elle a développé un ulcère comme lui (donc qu'elle devient comme lui), et enfin sur la table du café lors de la dernière scène, la serveuse pose une addition sur laquelle se trouve son numéro de téléphone assorti d'un petit cœur, la caméra cadre serré afin qu'on entende Jordan froisser le papier, mais qu'on ne voit pas s'il le laisse sur la table (il a réellement changé et va aimer sa femme), ou s'il le fait pour le glisser dans sa poche où se trouve ensuite sa main dans le plan suivant (il va recommencer à la tromper...)
. Bref, cent lectures possibles, cent théories différentes dont on aime beaucoup débattre à la sortie de la séance, The Beta Test a su nous captiver, nous faire mourir de rire par moments (ces dialogues acerbes !) et nous a bluffé avec le monologue final. Du grand Jim Cummings. PS : Si vous croisez le bonhomme (en général en train de sauter de joie sur le tapis rouge, derrière les vedettes plus "snobs"), n'hésitez pas à lui demander une photo avec vous, on ne sait pas qui est le plus content sur le cliché (à mourir de rire), et si vous tentez l'autographe, il vous le signe avec plaisir, mais n'oublie pas de gribouiller la photo de son ami PJ McCabe, de sortir son smartphone pour le lui envoyer en photo (ces deux-là adorent se taquiner, et cette vanne, on la trouve excellente). Vraiment, ce Jim nous plaît bien. Et son film, évidemment.