Compte tenu du sujet, le noir et blanc ne résulte pas d’une vision ou d’un caprice purement artistique, il me paraît d’une évidence artistique tant ce thriller hongkongais est d’une noirceur crapuleuse et monstrueuse.
Dans un bidonville labyrinthique de Hong Kong, deux flics sont à la recherche d’un serial killer qui a pour maniaquerie de couper la main gauche de ses victimes femmes.
Ces deux flics sont flanqués d’une jeune délinquante fraîchement sortie de prison qui leur sert d’appât. Cette pauvre Wong To interprétée par Yase Liu est terriblement malmenée par l’un des flics Cham Lau sous les traits de Ka Tung Lam ; plutôt maltraitée : pas une séquence où elle ne reçoit pas une gifle, un coup de poing, un coup de pied, une ruade, une trempe, trainée, dépréciée.
Leur lieu d’investigation : un bidonville qui s’apparente à une jungle tropicale tant il pleut sans cesse, tant des prédateurs sont à l’affût pour corriger la jeune moucharde, et par le psychopathe qui se confond dans un paysage d’ordures, de déchets de toutes sortes.
Le film ne se contente pas de suivre à la trace un serial killer sous une pluie battante, il parle aussi de rédemption et de la difficulté de pardonner.
Soi Cheang, le réalisateur, refuse la facilité, pas de Hong-King ensoleillé, touristique et optimiste ; il va emprunter la voie du chaos, des ténèbres ; il va puiser dans l’inhumanité de l’homme pour parvenir à extraire une once d’humanité.
Il m’a été présenté comme un thriller exceptionnel, il ne l’est pas. C’est un très bon thriller avec un montage déjà employé qui peut dérouter, mais le spectateur se repère rapidement dans la temporalité ; intense mais pas d’une intensité soutenue, quelques moments de mou et une émotion, qui, pour moi, s’est manifestée dans le dernier quart d’heure bien que je j’ai appréhendé l’intention du réalisateur.
Ça reste un thriller efficace à découvrir.