Limbo a suscité un grand enthousiasme général, et j’étais très tenté pour le visionner, et… J’ai été franchement déçu ! Formellement, le métrage a des qualités, c’est vrai. Le noir et blanc est superbe, l’ambiance poisseuse aux limites du post-apo est maîtrisée, c’est parfois une sorte de Blade Runner en noir et blanc. La mise en scène est lêchée, il y a une vraie ambition visuelle. Je note cependant que le noir et blanc rend parfois limite abstraits certains plans très chargés en éléments, là où la couleur aurait pu donner plus de contraste et rendre plus lisibles certaines scènes. Après, c’était peut-être un choix esthétique pour donner plus d’abstraction à l’image.
Passé ce visuel intéressant, faut avouer que le métrage est beaucoup plus timide en intérêt. Le scénario est d’abord quelconque. Il suit une histoire de tueur en série franchement classique, et surtout blindée d’invraisemblances et de facilités scénaristiques jusqu’à la nanardise. C’est dur à dire comme ça, mais les ficelles sont colossales. Tu cherches qqun, tu appelles son nom ou tu cherches en silence bêtement ? C’est juste une énorme facilité pour faire avancer le scénario parmi une dizaine d’autres. J’ai été vraiment très déçu car l’intrigue policière est déjà moyenne, mais alors en plus avec autant de facilité on se prend à soupirer souvent. Sans compter qu’au bout du compte le relationnel chaotique entre le policier principal et l’héroïne n’apporte pas grand-chose au film qui aurait été pareil et même plus émouvant avec un relationnel positif. Heureusement, le rythme est correct grâce à d’assez bonnes scènes d’action, et la plongée dans le Hong Kong de l’envers du décor est assez intrigante.
Ce scénario faiblard n’est pas aidé par des personnages du même acabit. Le méchant est une coquille vide, le jeune policier n’a pas vraiment d’existence hormis son métier. Quant au vieux et à la jeune femme qui est l’héroïne, c’est ambigu. Comme dit, leur relation conflictuelle n’a pas beaucoup d’intérêt, par contre la trajectoire de la jeune femme est intéressante, puisqu’elle l’amène dans une zone grise qui évite le manichéisme facile. De même, le policier a une relation intéressante avec sa femme, mais ce n’est pas beaucoup dégrossi dans le film. Côté acteur, clairement Cya Liu surnage et a été justement récompensée. Elle porte vraiment le métrage sur ses épaules dans un rôle compliqué.
Pour ma part, Limbo est une expérience originale, mais franchement c’est dommage que le scénario ne suive pas. C’est d’autant plus dommage que les films de serial killer sont très nombreux et qu’être un peu en-dessous ça se ressent très vite. Je donne 2.5, vraiment car l’intrigue bourrelée d’énormes facilités ce n’est pas possible. Ca gâche même la fin. Il reste l’esthétique et l’ambiance et Cya Liu, charismatique et émouvante avec un personnage tortueux.