Limbo (智齒, Zhì Chǐ), est de ces films noirs, hyper conceptualisé, d'ailleurs le film commence par sa fin, se raconte dans un Noir et Blanc calibré pour une stylisation maximale de son écrin et franchement, il y'a des arguments à entendre et surtout à voir ! Toutefois, je claque un énorme bémol d'entré de jeu, Soi Cheang, à force de vouloir nous en mettre plein la tronche en rajoute bien trop ... La taloche est chargée, trop d'infos, de détails inutiles ( sa dent, sa fin, son scénario ... ), de mélange absolu pour gratter, à droite, à gauche, une démonstration sans limites à des fins que l'on expose à outrance ! Un peu de simplicité aurait grandit le film.
D'ailleurs, bravo pour la vente ! Le film en soi n'y est pour rien, mais le fourguer comme l'héritier de Seven et de Memories of Murder ... A la limite, une petite réf à The Chaser de Na Hong-jin pouvais passer, mais pas assez vendeur j'imagine ! Là-encore, j'insiste, le long-métrage et son réal n'y sont pour rien, mais le procédé fini par desservir ...
Arrêtons-nous sur le film et non pas sur les errances du système. Soi Cheang instaure dans le Hong Kong qu'il dépeint une odeur et une crasse qui dans son ensemble nous plonge dans le cœur de la tempête, et nous signale, qu'ici il n'y aura pas de " bon " ou de " mauvais " coté. Tout le monde est dans le même bateau, ce dernier prend la flotte de partout ! Il entraine les habitants de cette ville à errer dans son marécage, à démêler cette histoire de meurtre, dans des configurations pas forcement raccord. Tout le tintouin sur la vieille école et la nouvelle, sur le mélange de ses deux approches vont ici se confondre dans une suite d'évènement qui va devoir les contraindre a évoluer dans le même sillon et non pas comme des rivaux, encore que ... L'arrivée d'un troisième larron, enfin d'une troisième " enquêtrice " pas vraiment accréditée va redistribué des cartes que l'on découvre - trop - rapidement.
Passé ses codes d'usages, le film va se poursuivre dans une folle allure. Sans mentir, c'est efficace. Vissé au siège de la salle, on déguste avec et pour eux ! Limbo est de ces films viscéral, qui creuse la sensation, celle-ci à des fins de stupeurs et d'horreurs. Dans l'action, j'adhère, pour construire et dépeindre son mal, beaucoup moins ... La course poursuite entre ce flic qui perd les pédales lors de la tentative d'arrestation de la voleuse qu'il pourchasse, de la volée de marche qui défile, littéralement dans l'intrigue comme au figuré va me trotté en tête un petit moment par contre. D'autres séquences ont de quoi dynamité le tempo et font qu'on s'implique dans la traque, au rythme de sa nuit et de sa longue errance qui suivent, mais la surcharge encore font que l'on ne retiens que celles-ci au détriment de ses trouvailles.
Ses interprètent sont aussi contaminés par ses maux, par ses réussites aussi. Son " affreux " est par contre un peu convenu ... Enfin, dans le registre ! J'ai revu il y'a quelques jours Halloween de John Carpenter, il y'a la quelques points communs avec le Michael Myers de ce dernier question case en moins mais il n'a pas la démence aussi affirmée ! Enfin, là je m'égare un peu.
Un excellent film, qui produit son effet, revendique ses qualités, mais n'est pas non plus d'une très grande originalité. Limbo n'est pas de ses films qui invente mais réinvente une tambouille et le fait d'ailleurs très bien, mais n'a pas l'étoffe de ce qu'on lui prête. A mon gout, toujours.