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Brol le chat
9 abonnés
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4,0
Publiée le 25 avril 2022
Trois petits contes jouant sur le hasard et sur l'amour. Si l'on peut avoir son préféré en raison du degré d'originalité de chacun, les trois baignent dans l'atmosphère particulière que crée Hamaguchi dans chacun de ses films, à savoir une réflexion sur les sentiments et une mise en scène épurée qui en font le petit-cousin japonais de Rohmer et le cousin d'Hong Sang-soo.
Ryūsuke Hamaguchi est inarrêtable et il le prouve avec une force de persuasion dont il a le secret. Après « Senses » et « Asako », il triomphe avec un sublime « Drive My Car », qui possède déjà tout l’aura des contes qui vont suivre. En revenant avec trois récits, portés par des figures féminines complexes, on retrouve cette précieuse frénésie qui captive et fascine, alors même que la caméra se tient là, immobile, comme le spectre d’un spectateur. Et c’est dans cette même logique de son cinéma nous attire, à la croisée des fantasmes et des coïncidences. Les trois parcours suivent pourtant la même trajectoire et le même élan, poussant les personnages dans leurs contradictions et à affronter leurs sentiments.
Inutile de chercher plus loin, ce qu’il y a à dire est dit. La parole finit ainsi par transcender tous les échanges physiques et peut même se superposer à elles. Une longue conversation en taxi démontre avec aisance la malice et le délice de l’instant, celui qui se perd aussitôt que l’on remet en cause toute la réflexion qui vient d’être faite. Alors que Meiko (Kotone Furukawa) écoute avec attention une déclaration d’amour passionnée, c’est peut-être elle qui tombe finalement amoureuse, c’est peut-être elle qui fait obstacle à ses pulsions. Nous le découvrons dans la simplicité d’un geste et dans toute la sincérité d’un auteur, qui parvient à construire un hors-champ d’une grande précision. Ce qu’il filme n’est que le témoin d’une fantaisie, voire d’un miracle qui s’aligne sur la situation embarrassante que l’on suit, mais sans avoir un arrière pensé pessimiste, bien au contraire. Il évoque ici la « magie », chose qui le conduit peu à peu à laisser « la porte ouverte » aux désirs, avant de conclure « encore une fois » sur une bonne part d’imagination.
Ce n’est donc pas en vain que l’on décroche un peu sur le non-dit, pour justement communiquer ses sentiments à travers les mots d’un autre. Nao (Katsuki Mori) s’applique ainsi dans une lecture froide, avant que toute la mélancolie s’empare du texte et la consume. Et comme cette porte qui ne se ferme pas, on y trouve de l’ironie et donc un véritable savoir-faire dans le dispositif de séduction. Il s’agit d’un jeu magnétique qui repose sur l’attraction et la répulsion. Cela opère magnifiquement dans un deuxième acte qui élève déjà son niveau d’écriture, quitte à simplifier la mise en scène, prenant à chaque fois une grande inspiration. Vient alors l’ultime segment qui synthétise tous ces portraits, dans une tendresse inattendue. Natsuko (Fusako Urabe) semble avoir retrouvé une ancienne camarade de lycée pour qui elle a eu de l’affection. Mais alors que des nœuds apparaissent au fil de leur échange, les masques tomberont et reviendront aussitôt, afin qu’elle puisse faire la paix avec son passé et elle-même.
C’est ainsi que les « Contes du hasard et autres fantaisies » d’Hamaguchi scintillent dans le même mouvement, où le champ-contrechamp figure dans le même plan. Il ne reste qu’à restituer l’amour d’un personnage à un autre, le plus souvent en face de lui, sinon derrière un prétexte qui convoque la mémoire sélective. Certains reviennent en arrière et d’autres ne parviennent pas à descendre du bus, alors que ce qui compte finalement, c’est de reprendre sa route, quitte à prendre un petit détour dans le jardin de l’enfance. Un pas après l’autre, c’est le miroir d’une âme et de l’humanité qui se dessine. Tout ce que le cinéaste fait, c’est de rétrécir son monde pour en exploiter toute la fibre du merveilleux, et cela suffit amplement à bouleverser.
sans retirer certaines des qualités de Hamaguchi (profondeur de certains sentiments féminins, finesse de la prise de vue) j'ai du mal à encourager d'aller le voir ce film à petit budget. C'est très théâtral, très dialogué, donc difficile de suivre en VO le jeu des actrices, desquelles fonctionnent sur un mode social malgré tout encore éloigné du notre. Peut-être que je n'ai plus l'envie de voir du Rohmer, dont il s'inspire. En bref, sans une bonne connaissance du Japon, on reste sur sa faim. Certains attendront même le mot fin avec impatience. Il reste de beaux moments de bravoure d'acteurs, telle la lecture de l'extrait d'un passage érotique dans le bureau du prof de fac, dont la porte reste ouverte, qui renvoie dans un genre proche mais moins sensuel, au monologue amoureux de Dussolier dans MELO de Resnais. On pensera également à certains écrits japonais, telle Les belles endormies de Kawabata. cinéma avril 2022
Un film japonais magnifiquement filmé, avec un montage impeccable… mais qui m’a profondément ennuyé. Rien ne me parle dans ces histoires à la limite de l’absurde, dans ces dialectiques verbales sur l’amour et la destinée. De plus la quantité de paroles à lire (sous titrage) empêche de profiter pleinement des images. Déception après Drive my car que j'avais bien aimé.
Déception. Après l'émouvant Drive my car j'en attendais au moins autant du nouveau film de ce réalisateur... trop peut-être. C'est presque ennuyeux. Du Rohmer sans ce qui faisait sa force. À part le second conte pendant lequel j'ai vraiment eu l'impression de voir du cinéma, je n'ai pas été touché par ces situations artificielles ni "magiques" ni incarnées. C'est statique, gentil voire insignifiant. Ma sévérité est à la hauteur de ma déception.
"Contes du hasard et autres fantaisies" acclamé par la presse, grand prix du jury à la Berlinale 2021 est un drame romantique plaisant. En effet même si l'ensemble n'a rien d'extraordinaire, le réalisateur japonais de "Drive My Car" Ryusuke Hamaguchi maitrise son sujet à travers ses 3 histoires indépendantes des unes des autres en décrivant la complexité des sentiments amoureux, décryptant une société japonaise muette et faites de non dits avec trois histoires d'amours mélancoliques et pleines de regrets.
Le film commence bien Mais cependant, très rapidement, les longueurs arrivent Ce n'est en fait que plusieurs cours métrages dont seuls deux sont corrects Ennuyeux à la longue
Très grand film qu'on ne prendra pas le risque de déflorer en expliquant quoi que ce soit. Alors je me contenterai de plagier le père Noël en disant, sans ironie aucune, que c'est fin, très fin et s'apprécie sans fin. C'est superbe et d'une subtilité délicieuse.
J'aurais aimé dire du bien du film mais la ça ne fonctionne pas au contraire de Drive my Car. Original sur la forme des trois films différents en un. Au final c'est banal et ennuyeux.
Sans doute, comparer ces contes du hasard avec Drive my car, le film précédent de Hamaguchi, n’est pas forcément la bonne approche… Il n’empêche que ces trois histoires féministes (?) m’ont rappelé trop souvent, le cinéma de Rohmer; la « crudité » en plus! Le même raffinement dans les dialogues mais aussi une complaisance dans les « bavardages » qui peut nous mener vers « l’ennui ». - Deux amies ont connu, le même garçon et…….. - La porte ouverte: lecture érotique à voix haute….pour troubler le professeur et le compromettre ? vous avez dit ambigu ? - retrouvailles de deux amies lesbiennes; se reconnaissent elles, tant données plus tard ?
Un triptyque japonais de "fantaisies" délectables, mais... Défense et Illustration, pour l'essentiel, d'un cinéma "qui se mérite". Le premier récit est sans doute le plus familier pour un public lettré français - reprenant les codes du marivaudage, juste épicé à la sauce tokyoïte,,. Le deuxième est plus dépaysant, "Porte ouverte" sur l'érotisme nippon, et le troisiéme, entre paramnésie et "confusion des sentiments", le plus déconcertant. Ne pas baisser la garde, et s'abandonner à un rythme inhabituel. Le verbe y est maître (mais pas le verbeux). Qui aime les films bavards, et les "contes" (moraux) à la Rohmer appréciera ! Quant à la mise en scène, on aurait tort de la qualifier de "simpliste" - elle est juste épurée, et diablement efficace.
La puissance esthétique de ces « contes », tels qu’ils sont rangés dans un genre qui n’apparaît pourtant pas dans le titre originel, tient à l’idée que de la maîtrise formelle et narrative peut surgir le hasard, et que ce hasard accordé aux personnages, parce qu’aux acteurs qui les interprètent, et aux spectateurs qui les regardent stimule l’imagination. En effet, chacune des trois pièces offre aux deux autres une variation autour de thématiques communes et d’éléments de mise en scène, à l’instar du zoom dernier sur le visage du protagoniste ; pour autant, c’est au public qu’il revient d’assembler les pièces d’un puzzle qui ne se donne pas comme un vulgaire jeu de pistes. Si le professeur, fort d’un succès littéraire qui fait de lui un auteur médiatique, insiste sur l’intérêt de la lecture à voix haute à laquelle se livre son ancienne élève, il révèle à la fois la beauté de cette performance et l’unicité de la voix qu’elle laisse s’exprimer, porteuse d’un rapport singulier à l’œuvre et, plus largement, au monde.
Ryūsuke Hamaguchi cultive la longueur des plans qui deviennent des scènes voire des séquences entières, non par fantaisie auteuriste mais pour raccorder la fiction à deux illusions : celle de la conscience du temps qui passe, celle de l’authenticité de relations humaines qui naissent toujours du faux et du calcul. Nous ne sommes pas loin de la démarche pirate de Werner Herzog dans Family Romance, LLC. (2019) : recourir à des acteurs pour extraire de leur jeu parfait des impressions de vie vraie. La très belle photographie, que signe Yukiko Iioka, et l’intelligence des quelques symboles présents ici – pensons à cet escalator que ne cessent d’emprunter les deux étrangères pour suspendre le temps et revivre leur passé – achève de ranger Gūzen to sōzō parmi les grands films japonais de l’année 2022, dans un style différent du puissant portrait des classes sociales à Tokyo brossé par Anoko wa Kizoku (Yukiko Sode).
Effectivement une certaine lignée avec Rohmer pour ce cinéaste japonais atypique, bien loin de la tradition des Ozu ou Mizogushi. Ici on est dans le dialogue, très littéraire , pas d'action , beaucoup de plans fixe . Une sorte de marivaudage aussi, avec des sentiments amoureux qui se croisent , des triangles amoureux improbables. Mais rien de bien nouveau et surtout très long. Pas de grandes innovations , si ce n'est des situations qui ne se retournent pas comme on s'y attendait. Une réalisation bien fade, Rien d'exceptionnel et on ne s'explique l'engouement que suscite ce réalisateur .