Iran, de nos jours. La vie de Mina est bouleversée lorsque son mari est condamné à mort. Elle se retrouve seule, avec leur fille à élever. Un an plus tard, elle est convoquée par les autorités qui lui apprennent qu'il était innocent. Alors que sa vie est à nouveau ébranlée, un homme mystérieux vient frapper à sa porte. Il prétend être un ami du défunt et avoir une dette envers lui.
C’est une réalisation commune de Maryam Moghadam et Behtash Sanaeeha. Le scénario a été écrit par Mehrdad Kouroshniya en s’inspirant de Mina, qui est la mère de Maryam. Le Pardon a été dans la sélection de la Berlinale 2020. Il a été interdit de diffusion en Iran.
J’ai trouvé ce mal pas mal du tout.
J’ai adoré son histoire. On va être avec cette femme dont le mari a été condamné à mort. Elle doit désormais vivre seule avec son enfant, ce qui n’est pas simple notamment vue le contexte. C’est tout de même l’occasion de se rendre compte qu’à ce niveau, l'Iran n’est pas au niveau de ses voisins comme l’Arabie Saoudite car elle peut travailler et son autorité parentale n’est pas menacée. On peut quand même noter que les normes morales l’empêchent d’être libre dans ses relations avec les hommes. Rapidement, nous apprenons que le mari était innocent. Va alors venir la volonté de rétablir sa mémoire. Comment expliquer une telle situation à sa fille. On ressent bien le côté émotionnel. J’ai été vraiment touché. Malheureusement, au bout d’un moment on patine un peu. Le twist final va venir trop tard, et on n'aura pas le temps de bien l’exploiter.
La thématique de la justice est assez pertinente. En Iran, la peine de mort est encore autorisée. Elle est même l’un des pays au monde avec la Chine où elle est la plus pratiquée. En 2020, selon Amnesty International il y a eu au moins 246 exécutions capitales. Cela va jusqu’à condamner à mort des personnes mineures au moment des faits. La réalisatrice a donc voulu critiquer cette omniprésence de la peine capitale. J’ai trouvé ce plaidoyer vraiment réussit. En effet, déjà car on voit bien le côté irréversible de cette condamnation. Si quelques jours plus tard on se rend compte d’une erreur, il est malheureusement trop tard. De plus, on voit la conséquence sur la famille qui se voit subir une image négative. L’autre notion importante va être le pardon. Cette femme va devoir tourner la page en pardonnant à ceux “coupable” de cette erreur. La volonté de vengeance est pourtant immense mais elle va devoir essayer de la combattre intérieurement.
Le hic dans ce film va plutôt se situer au niveau du rythme. Malgré un contenu des plus intéressants, la façon de le raconter n’est pas idéal. En effet, cela va être beaucoup trop lent. Il n’y a pas mal de passages assez vides. Ce qui est dommage car pourtant le message est tellement profond. Cela peut malheureusement empêcher de bien rentrer dedans.
Par contre, si l’essence du film est si captivante, en plus de la pertinence des thématiques, c’est aussi grâce à l’actrice principale. En plus d’être réalisatrice, Maryam Moghadam va donc se charger de ce rôle. Elle le fait avec brio. Ce n’est pas la première fois qu’elle était actrice, cependant, être devant et derrière la caméra pour le même film était une nouveauté. On ressent qu’elle vit son personnage, ce qui n’est pas surprenant vu son vécu. Je salue donc cette performance de haut vol. J’ai aussi beaucoup apprécié la performance d'Alireza Sani Far dans un rôle pas forcément facile à porter. Il symbolise tout le mal de la société. Ce juge condamne à mort mais se repend de ses actes lorsqu’il se rend compte des conséquences néfastes.